A la découverte du partage
Le dimanche 4 septembre 2016 à 11h, je me trouvais à l’aéroport Toussaint Louverture, prête à m’envoler pour Paris dans le cadre d’un volontariat en service civique de réciprocité auprès du Collectif Haïti de France (CHF). Une aventure qui s’annonçait pleine de découvertes. D’une part, j’étais excitée de faire l’expérience et fière d’être la pionnière de ce dispositif pour Haïti. D’autre part, j’avais peur du choc culturel.
Arrivée, mes premières impressions ont été de voir une ville beaucoup plus grande que Port-au-Prince et des habitants toujours pressées pour qui les autres étaient presque invisibles. Je me demandais combien de temps allais-je prendre pour m’y adapter. En fait, ce n’était pas très difficile. Être loger dans un foyer a facilité mon insertion sociale. En dehors des activités organisées par la direction (ateliers, jeux, soirées culturelles…), j’ai pu passer du temps avec des filles venant de différentes régions de la France et d’ailleurs, partageant nos différences culturelles… Elles ont d’ailleurs été particulièrement épatées par la cuisine haïtienne que je leur ai fait découvrir.
Qu’en est-il de la mission ?
Dès le 6 septembre, j’ai commencé le service civique. Le cœur de ma mission consistait en l’animation du réseau du CHF et de sa mobilisation en France. J’ai eu l’occasion de participer à l’organisation des Rencontres Nationales des acteurs de la solidarité avec Haïti, de rédiger du dossier de presse de l’événement etc. D’autres activités ont été improvisées comme chanter lors de la soirée haïtienne en attendant l’arrivée du groupe de musique qui avait eu un problème en chemin… J’ai également animé des rencontres inter-associatives, notamment sur l’interculturalité et l’engagement citoyen à Paris et en région. J’ai co-organisé et animé un cycle de débats et ciné-débats autour de sujets variés sur Haïti intitulé « Ayi’ti koze sou… ! ». J’étais assistante du professeur de créole haïtien. J’ai mené des actions d’Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ESCI) parmi lesquelles une intervention en milieu scolaire sur la migration haïtienne en France. Entre autres, j’ai alimenté régulièrement le site internet de l’association et j’ai participé à des événements organisés par d’autres associations et des formations. La diversité de mes tâches m’a permis d’être polyvalente, de développer ou d’acquérir des compétences telles que les techniques d’animation, la capacité à travailler en équipe, la capacité de prendre des initiatives etc. La présence d’une Haïtienne au CHF pendant 8 mois a été bénéfique pour l’association.
Pour mener à bien ma mission, j’ai été encadrée régulièrement par une équipe, ce qui m’a permis de garder ma motivation de départ, de renforcer mon autonomie avec un bon esprit d’échanges. Je me sentais à l’aise et en confiance. J’ai eu aussi l’occasion de rencontrer et/ou de travailler avec d’autres personnes du réseau du CHF (administrateurs, bénévoles…). L’expérience a donc été enrichissante tant sur le plan humain que professionnel.
Les difficultés rencontrées
Au début de la mission, j’ai eu un peu mal à rester réveillée pendant mon temps de travail à cause du décalage horaire. Alors que je connais la langue française, palliant les barrières linguistiques, il y a quand même eu des malentendus qui, à mon sens, étaient liés au contexte culturel. Sur le plan administratif, je peux vous dire que ça n’a pas été facile !Et sur le plan gastronomique, mon palais a bien eu du mal à apprécier le goût des aliments… et mon organisme, à les digérer ! Quand on a passé sa vie à manger très épicé, ce n’est pas évident. Par contre, j’ai un coup de cœur pour les pâtisseries et je fonds pour les desserts. Les ‘’Éclairs au chocolat’’, les tartes, les ‘’Paris Brest’’ … vont beaucoup me manquer.
Et après ?
Ce volontariat de service civique m’a permis de confirmer mon projet professionnel qui s’inscrit dans une démarche compréhensive et de maximisation des résultats dans le cadre de la coopération et la solidarité Nord/Sud. Je souhaite poursuivre des études dans ce domaine afin de compléter mes connaissances acquises pendant mon précédent cursus et sur le terrain. Et ainsi, développer d’autres compétences. Cette mission aura changé mon regard sur les rapports de la France avec Haïti, en particulier à travers le travail des associations.
Bettina Désir,
Volontaire en Service Civique Réciprocité en 2016/2017