Ayi’ti koze sou…! 

Retour sur le ciné-débat autour du film « Deported »

Dans le cadre du lancement de son nouveau cycle de débats et ciné-débats « Ayi’ti koze sou … », le Collectif Haïti de France, en partenariat avec le Centre de Documentation Internationale pour le Développement, les Libertés et la Paix (Cedidelp), a organisé un ciné-débat autour du film « Deported » en présence de Chantal Regnault, co-réalisatrice de ce long-métrage.

A travers une série de témoignages, ce film met en exergue les problèmes auxquels sont confrontés les « deported » : délinquants d’Amérique du Nord et expulsés en Haïti, leur pays d’origine, après avoir purgé leur peine. A travers leur histoire, ce film a permis d’interpeller le public sur la complexité de ce phénomène social.

En effet, la période de 2006 fut marquée par une instabilité politique,entraînant un sentiment d’insécurité : vols, braquages, agressions, et particulièrement les kidnappings ont été, selon les rumeurs, le fait de ces personnes expulsées. C’est ce qui a mené à la réalisation du film, d’autant plus que Chantal Regault a vécu une période migratoire difficile. La conservation du titre anglais « deported » fait référence à l’appellation attribuée à ces individus par les Haïtiens, les « D-P » (prononcé dipi ).

Cette soirée fut marquée en second lieu par un débat animé par la co-réalisatrice, au cours duquel plusieurs points ont pu être abordés, notamment :

  • les divers sentiments des deported face à leur nouvelle situation et leurs difficultés d’adaptation dues notamment à l’hostilité des Haïtiens locaux (leur dénomination par le terme « dipi» par exemple),
  • leur situation sociale hétérogène (le cas des « déportés familiaux »),
  • la question de l’identité : le fait d’apprendre à être Haïtien,
    au niveau financier, l’absence de soutien des familles des deported et le risque que ces derniers deviennent des rentrées d’argent pour leur familles en Haïti,
  • l’attribution encore actuelle du danger social lié aux déportés,
    confusion entre le délit et le crime dont sont accusés les deported : considération de ces derniers comme des criminels pour des actes de délinquance,
  • le comportement qu’ils ont adopté, à titre d’exemple : regroupement associatif et mise en place de projet sociaux, recherche d’emploi dans les institutions internationales, persistance dans la délinquance etc,
  • la responsabilité des États dans leurs politiques de déportation : cas de la reprise des déportations un an après le séisme de 2010,
  • l’impossibilité pour l’État haïtien de prendre en charge ces nouveaux venus.

Les discussions autour de la thématique migratoire haïtienne se poursuivront le 17 février prochain autour d’un débat qui sera animé par Anne Bertin, ancienne coordinatrice du projet d’appui aux migrants haïtiens que le CHF mène en partenariat avec le GARR.

D’autres projections auront lieu tout au long des mois à venir, autour de sujets aussi riches que passionnants !