JEAN METELLUS NOUS A QUITTES

Haïti et la Communauté haïtienne de France ont célébré mercredi dernier le deux cent dixième anniversaire de l’indépendance du pays, et commémorera dimanche prochain le quatrième anniversaire d’un tremblement de terre qui fit 230.000 morts, autant de blessés et d’amputés et plus d’un million de sans abri. Comme la médecine et la littérature françaises, ils viennent de perdre l’une de leurs personnalités les plus respectées, et les plus réputées: Jean Métellus a succombé le samedi 4 janvier dernier à une longue maladie.

Né à Jacmel, le 30 avril 1937, Jean Métellus, après de brillantes études secondaires au lycée Pinchinat est nommé à l’âge de vingt ans professeur de mathématiques au lycée Célie Lamour de sa ville natale. En 1959, fuyant la dictature de François Duvalier, il émigre en France où il obtient en 1970 le diplôme de Docteur en médecine, et en 1975 celui de docteur en linguistique. Neurologue spécialiste des troubles du langage, il exerce pendant plusieurs années au Centre Hospitalier Emile Roux de Limeil-Brevannes, en qualité de médecin des hôpitaux, praticien hospitalier.
Jean Métellus est surtout connu pour son œuvre littéraire dense et frémissant. Maurice Nadeau publie en 1973 dans « Les Lettres nouvelles» le recueil poétique «Au pipirite chantant» dont on découvrit dans les papiers d’André Malraux, après sa mort, un exemplaire annoté. D’autres écrits poétiques – de Tous ces chants sereins (1980) à Voix nègres (1991) – ont été tout aussi appréciés, voire admirés et couronnés par des prix significatifs : Grand Prix international Léopold Sédar Senghor, en 2006, Grand Prix de poésie de la Société des gens de Lettres en 2007, Prix International de poésie francophone en 2010…

Pour les nombreux romans, traduits en plusieurs langues – de Jacmel au crépuscule (Gallimard, 1981) à Louis Vortex (Messidor, 1992) des prix de l’Académie française lui ont été décernés : le Prix André Barré en 1982 et le Prix de la Fondation Roland de Jouvenel en 1984…

On retrouve le même engagement éclairé, la même verve et les mêmes talents dans ses essais – de Haïti, une nation pathétique (Denoël 1987) à Vive la dyslexie (Nil, 2002) – et dans ses pièces de théâtre – d’Anacaona (1988) à Henri le cacique (2005).

Jean Métellus était un grand ami de la «Communauté haïtienne du nord de la France»: lors de ses nombreuses visites dans la Région, il participa à des réunions que sa lucidité, son éthique, ses combats, son immense culture et son sens de l’humour rendaient instructives, agréables, passionnantes.

Il avait présidé avec Pierre Mauroy, à Lille, le 20 mai 2010, la journée culturelle et de mémoire que cette association avait consacrée à Toussaint Louverture.

Les Haïtiens du nord de la France présentent leurs condoléances à son épouse Anne-Marie et à leurs trois enfants.

Evry Archer