La pharmacie est une science qui s’enlise dans une sempiternelle révolution, une discipline en progression permanente qui peine à recevoir ses lettres de noblesse en Haïti. Dans ce qui restera comme un pas important dans les états des lieux du secteur pharmaceutique haïtien, le vice-décanat de la pharmacie de l’UEH et le Bureau national d’ethnologie ont fait appel à l’histoire afin d’éclairer le chemin de la pharmacie du futur.

« L’histoire de la pharmacie, de l’époque coloniale à nos jours », tel a été le thème retenu en guise de prétexte pour initier de profondes réflexions sur l’avenir de la pharmacie. 

Cette série d’activités qui se déroulent du 20 au 26 juillet 2019 a été lancée à l’auditorium de la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université d’État d’Haïti. Le public est constitué essentiellement de professeurs, de cadres du ministère de la Santé publique, de représentants du rectorat de l’Université d’État d’Haïti ainsi que de la directrice adjointe du Bureau national d’ethnologie.

Magalie Rosemond, vice-doyenne de la section pharmacie de la Faculté de médecine et de pharmacie de l’UEH, a dressé tout au long de son allocution l’importance d’une telle activité qui vise à perpétuer les acquis de cette discipline en Haïti. Constatant que le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a détruit les plus anciennes et plus grandes pharmacies du pays, emputant au passage certaines parties importantes de l’histoire de la pharmacie. Elle s’est donc adonnée à la noble tâche d’écrire et de présenter l’histoire de cette profession vieille de l’époque coloniale. « Écrire l’histoire d’une profession est une initiative très ambitieuse », a t-elle admis d’entrée de jeu.

Des études ont démontré, a avancé Mme Rosemond, que plus de 80% de la population a recours à la médecine traditionnelle au détriment de la médecine conventionnelle. Évoquant les prouesses de Mackandal, Boukman et Toussaint Louverture, elle rappelle que les plantes ont joué un grand rôle à l’époque coloniale, à la fois comme médicaments pour soigner les esclaves et comme poison pour se venger des colons.

Appelant à la protection des industries pharmaceutiques et des coins de vente autorisée de médicaments,  Magalie Rosemond n’a pas raté l’occasion de s’attaquer à la mauvaise pratique qui entrave le processus thérapeutique en Haïti. « Les efforts d’actualiser la loi de 1955, régissant l’exercice de la pharmacie doivent aboutir. De grands efforts restent à faire pour protéger la population haïtienne du fléau de la contrefaçon, de ventes illicites de médicaments de rue et, du coup, rendre accessibles des médicaments de qualité à travers le pays. Cela passera par la mise en place, entre autres, d’un laboratoire national de contrôle de qualité, d’un système national d’approvisionnement et de distribution d’intrants et l’instauration d’un programme de doctorat en pharmacie », a longuement élaboré l’ancienne directrice de la pharmacie et de la médecine traditionnelle au MSPP.

En ce qui à trait aux modèles pour donner corps à ces voeux, la vice-doyenne en sait long puisqu’elle a fait choix de Fritz De La Fuente comme invité d’honneur à cette cérémonie de lancement. M. De La Fuente est un pharmacien-chimiste dont la carrière sied bien à la longue histoire de la pharmacie. Ancien vice-doyen de la pharmacie de l’UEH et ancien doyen de la pharmacie de l’UNDH, il a participé à tous les combats de cette profession. « Praticien, enseignant de carrière, visionnaire », tels sont les mots utilisés pour décrire le distingué invité d’honneur.

Durant cette cérémonie de lancement organisée par le vice-décanat de la pharmacie (FMP/UEH) et le Bureau national d’ethnologie, Jean-Claude Chéry, maître de cérémonie en la circonstance, a aplani le sentier de la corrélation entre la nécessité d’une vraie histoire et l’avancement de la science en Haïti. Ainsi, il a fait appel à Mme Emmelie Prophète, directice ad interim du Bureau national d’ethnologie.

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