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Un brin d’intelligence politique pour une réforme en profondeur de la Faculté de Médecine et de Pharmacie.

Par Renald Lubérice*

Il est inconcevable qu’en 2009 nous n’ayons que 2,7 médecins pour 10.000 habitants. Oui, c’est bien joli de l’affirmer, me diriez-vous ! En plus, cela fait consensus. Des plus démunis aux hautes autorités haïtiennes, tout le monde s’accordera là-dessus. Ces dernières années, on n’a eu de cesse d’assister à des luttes politiques intenses parfois sauvages. Mais combien d’entre elles se portait sur un vrai problème de société ?  Il s’agit toujours de luttes pour la répartition du/des pouvoir/s, sur le choix du Premier Ministre, etc.  Y-a-t-il eu un projet de société ayant cristallisé les oppositions du fait que le gouvernement pense qu’il faut y apporter tel type de solution, tandis que d’autres disent qu’il lui faut apporter tel autre ? Non. Si le débat politique ne se porte pas sur la répartition des pouvoirs, il se fait sur des questions purement «métaphysiques ». En tout cas, si l’objet n’est pas en soi métaphysique, la manière dont nos « entrepreneurs politiques » l’abordent lui attribue une dimension que seuls les connaisseurs du monde de l’au-delà sauront comprendre et résoudre. Etant donné l’absence de ces êtres surnaturels, on ressasse toujours les mêmes discours avec le sentiment que les choses ne s’améliorent guère.  Ce papier concernant la réforme de la Faculté de Médecine et de pharmacie sera justement  une tentative d’aborder une question de société avec des propositions concrètes qui nous, j’espère, épargneront l’engouffrement dans le monde de l’au-delà.

 

En Haïti, nous avons les ressources les plus précieuses à notre développement socioéconomique : des femmes et des hommes. Mais nous refusons de les utiliser à bon escient. La réforme dont je vais parler concerne moins la structure de la faculté – qui a certainement besoin d’être réformée, mais que je ne connais pas bien – que la manière de l’optimiser afin qu’elle puisse remplir sa mission première : former des médecins au service des haïtiens. Souvent dans les luttes internes à l’UEH, on oublie que l’Université se doit d’être au service de la société et non l’inverse. Parfois, il y a des petits malins qui se plaisent à croire que l’Université doit être au service de l’Université avec une fâcheuse tendance d’isolation.

 

L’université, soi-disant autonome, n’a que faire de la demande de formation en médecine de nos jeunes et, par ricochet, du besoin de la population en professionnel-le-s de santé. Tous les ans des milliers de jeunes haïtien-ne-s partent faire leur formation juste à quelques kilomètres d’Haïti en langue espagnole. Cela n’interpelle personne. Cette attitude déconcerte l’une des théories des institutions économiques, politiques et sociales, pourtant largement admise. Celle d’Hirschman. En effet, il y a deux principaux moyens d’amener une entreprise ou une institution à se réformer. Soit une partie de la clientèle fait défection (exit) – l’entreprise ou l’institution qui s’en rend compte va s’interroger et prendre les mesures de redressement nécessaires -, soit une partie de la clientèle prend la parole (voice), espérant que la protestation verbale va interpeler les dirigeants. Il y a une autre possibilité qui est le loyalisme qui ne m’intéresse pas ici. Cette théorie suppose que les dirigeants soient attentifs aux réactions de la clientèle. Sauf que dans le cas de cette faculté, et plus généralement des autorités publiques, c’est le « J’m’enfoutisme » qui règne. Donc la demande des jeunes haïtiens et de la société dans son ensemble leur passe au-dessus de la tête. Pourtant le seul fait que des jeunes haïtiens puissent aller faire leurs études à l’étranger et payer en devise étrangère prouve qu’il ont des ressources économiques, et qu’ils seraient prêts à payer si la faculté pouvait leur offrir un service équivalent. Comment résoudre ce problème ? Je crois à l’autonomie des institutions d’études supérieurs publiques et non à leur indépendance. La solution a, à mon sens, deux volets.

 

Le premier est fondamentalement politique. Le second renvoie à la capacité de gouvernance de l’UEH. Tout le monde le sait, et pas besoin d’être à l’intérieur de l’UEH, que l’Université manque énormément de moyens tout comme l’Etat haïtien dont le budget est tributaire de l’étranger. Mais nous ne pouvons pas attendre indéfiniment que les cailles du ciel nous tombent sur la tête. Il faut optimiser nos maigres moyens en vue de la résolution de nos problèmes socioéconomiques. La faculté de médecine peut et doit former les médecins dont nous avons besoin. Il faut pour cela renforcer sa capacité d’accueil et lui doter de matériels pédagogiques, scientifiques et les ressources humaines nécessaires. Où trouver l’argent ?

 

Dès la classe de seconde TOUT élève haïtien doit avoir suffisamment d’information sur les filières de l’UEH et les modalités de concours. Les dates et les modalités des concours doivent être affichées dans TOUT les établissements supérieurs dotés d’une ou plusieurs classes de terminale au moins trois mois à l’avance.  Chaque étudiant reçu en médecine et/ou dans les professions sanitaires aura la possibilité d’un prêt-bourse couvrant l’ensemble des coûts de la durée de ses études. Ceux qui en ont les moyens peuvent choisir de payer leur scolarité sans utiliser le prêt-bourse que l’Etat haïtien mettra de concert avec des établissements bancaires partenaires à disposition des étudiants en médecine et/ou en professions sanitaires. Le prêt-bourse se fera à taux zéro. Chaque bénéficiaire aura le choix de rembourser l’Etat à l’issue de la formation ou s’engager formellement à rester en Haïti et travailler pour le compte de l’Etat pendant une période allant de 5 à 10 ans.

 

Le montant de la scolarité sera fixé en fonction du coût réel de la formation. Cela permettra à la faculté de proposer un salaire compétitif à l’échelle régionale aux enseignants. Nous attirerons ainsi les meilleurs enseignants haïtiens partis à l’étranger et les étrangers désirant enseigner en Haïti. La faisabilité de cette réforme dépend d’une réelle volonté politique. Haïti est capable de s’endetter pour acheter des voitures de luxe pour ses ministères. Pourquoi ne le pourrait-elle en vue de la formation de ses médecins ? Cette réforme nécessite une bonne gouvernance au sein de la faculté avec de la transparence tant au niveau du recrutement des futurs médecins et professionnels de santé que de la gestion du budget. Je ne doute pas que nos dizaines de prétendant à la magistrature suprême aient de meilleures idées. J’aimerais juste qu’ils commencent à les partager avec nous.

 
 

*Doctorant contractuel en Science Politique à l’Université Laval (Canada) et à l’Université Paris 8 (France)