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Reporters sans frontières

Communiqué de presse
23 janvier 2007

HAÏTI
UN PHOTOGRAPHE ASSASSINÉ À SON DOMICILE PAR LES MEMBRES D’UN GANG

Reporters sans frontières a appris avec horreur l’assassinat de Jean-Rémy Badio, photographe pigiste, le 19 janvier 2007 à Martissant, dans la banlieue sud de Port-au-Prince. Le journaliste aurait été tué à son domicile par des membres d’un gang, qu’il aurait photographiés quelques jours plus tôt.

"La mort tragique de Jean-Rémy Badio est un rude coup porté à la presse haïtienne, dont le sort semblait s’améliorer depuis un an. Cet assassinat vient malheureusement rappeler que la loi des gangs continue de sévir dans le pays, et tout particulièrement à Port-au-Prince. Le crime et l’impunité risquent de se répéter si les responsables de la mort du photographe ne sont pas rapidement retrouvés et traduits en justice. Le gouvernement doit poursuivre son effort de lutte contre les bandes armées", a déclaré Reporters sans frontières.

Photographe indépendant, Jean-Rémy Badio a été assassiné par balles à son domicile de Martissant dans l’après-midi du 19 janvier. D’après l’association SOS Journalistes dont il était membre, le journaliste aurait été tué parce qu’il avait photographié des membres de gangs locaux. Ses parents ont confié qu’il avait reçu des menaces de ces derniers avant son assassinat.

Depuis environ deux ans, deux bandes armées – "Lame ti manchèt" ("L’armée des petites machettes") et Baz Gran Ravin ("Base de la Grande Ravine") – se disputent le contrôle du territoire de Martissant, au point, selon certains, d’avoir rendu cette banlieue aussi dangereuse que Cité Soleil. C’est également à Martissant que François Louis, photographe du quotidien Le Nouvelliste, avait subi les brutalités de la part de soldats de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), lors d’une manifestation qui avait tourné à l’émeute en novembre 2006.

La veille de l’assassinat de Jean-Rémy Badio, la police nationale d’Haïti (PNH) a annoncé l’interpellation, avec l’aide de la Minustah, de 315 personnes durant la première quinzaine de janvier à Port-au-Prince, dont 47 membres de gangs. Douze de ces derniers ont déjà fait l’objet d’une inculpation pour port d’arme illégal, selon l’agence Haiti Press Network.