Paru sur RFI
Lundi 10 août, en Haïti, les élèves de terminale et de dernière année d’école primaire retrouvent leurs salles de classe. Cette rentrée exceptionnelle est organisée afin qu’ils puissent avoir un minimum de cours avant les examens d’État, reprogrammés pour le mois d’octobre. Les autres niveaux reprendront eux les cours à partir du 17 août pour boucler l’année scolaire 2019-2020, perturbée par le coronavirus.
Face à l’épidémie de Covid-19, les écoles haïtiennes ont fermé le 19 mars. Ces quatre mois loin des salles de classe ont encore aggravé les inégalités des chances entre les enfants, selon qu’ils sont scolarisés dans le système public ou privé. À l’école publique de Tabarre, l’heure est au ménage de pré-rentrée. Le directeur, Lucien Jean-François, regrette que ses élèves n’aient pas eu un seul cours depuis quatre mois :
« À l’école, nous n’avons pas d’électricité, alors allez voir dans les maisons des élèves… Les histoires de travail en ligne, c’est pour les parents qui ont les moyens de fournir à leurs enfants du matériel informatique. Mais nous, nous n’en sommes pas capables. »
La fracture numérique pose toujours problème
Le collège Catts Pressoir, à Port-au-Prince, est en pointe de la technologie avec des cours filmés disponibles sur plateforme numérique. Le directeur Guy Etienne témoigne néanmoins des difficultés inhérentes au pays :
« On a fait le choix de faire des cours pré-enregistrés, parce qu’il y a tellement de difficultés avec internet et l’électricité qu’on ne pouvait pas donner de rendez-vous spéciaux aux enfants. Car s’il n’y a pas d’électricité ou d’internet, ils ratent le cours. Souvent, il nous arrivait de voir des enfants à 1 heure ou 2 heures du matin en train de suivre des cours. »
Parce qu’il rêve d’offrir cet enseignement en ligne à tous les enfants d’Haïti, Guy Etienne négocie les tarifs avec les fournisseurs d’accès internet et lève des fonds pour installer des panneaux solaires dans les écoles des zones reculées. Le leitmotiv de ce directeur dynamique : il ne faut pas attendre l’État, le développement du pays dépend de chaque citoyen.