Non à la disparition de la langue créole à RFI !

La direction de Radio France internationale (RFI) vient de prendre une grave décision : la fermeture du Service Créole de RFI et l’arrêt du magazine d’information, Kreyòl pale kreyòl konprann. Ce programme en langue créole, qui existe depuis 1985, est diffusée sur le réseau mondial de RFI (ondes courtes, ondes moyennes, satellite), sur l’internet et repris par plusieurs radios partenaires FM à Haïti, à la Guadeloupe, aux Etats-Unis…

L’émission créole est unique dans sa forme et son contenu. Outre l’actualité. Française et caraïbéenne, elle fait le lien entre les créolophones vivant dans la Caraïbe et à l’extérieur auxquels elle donne largement la parole. Haïtiens, Guadeloupéens, Martiniquais, Guyanais, Sainte-Luciens, Dominicais de la Caraïbe et de la diaspora, qui représentent une audience de plus de 12 millions de personnes, se retrouvent chaque semaine dans ce programme.

La direction de RFI évoque des raisons financières pour justifier la fermeture de la rédaction créole. Paradoxalement, elle lance dans le même temps deux nouveaux services en langues Haoussa et Swahili… Le créole est manifestement considéré comme une langue morte.

La décision de RFI est inadmissible ! Nous refusons que la langue créole soit déconsidérée et rayée de la grille de Radio France Internationale. Nous voulons croire que cette décision n’est pas irréversible et utiliserons tous les moyens nécessaires pour la contrecarrer. Pour nous aider dans notre combat pour la survie du service créole, merci de renvoyer votre soutien à l’adresse suivante : soutien.emissioncreolerfi@yahoo.fr

Visitez notre blogue et faites circuler l’information.

Sé grenn diri ka fè sak diri ! Se mèt kò ki veye kò !

Soutien Rédaction Créole RFI

Awa lang kreyòl pa dwèt disparèt asou Radyo Frans Entènasyonal (RFI) !

Direksyon Radyo Frans Entènasyonal deside fin bat avèk Sèvis kreyòl la e magazin Kreyòl pale kreyòl konprann. Progranm lang Kreyòl la vwè jou an 1985, nan vil Pari. Ou pe koute li tout kote sou latè (ond kout, ond mwayèn, satelit) ak sou entènet. Plizyè radio zanmi an FM, Ayiti, Gwadloup, Zetazini… ka woupran emisyon an e pase li sou antèn yo.

Mannyè i fèt, emisyon kreyòl RFI pa kon lezòt. A kote nouvèl fransè e karayib, i ka mete an lyannaj e ba tout kreyolopal ka viv an karayib-la e andèwò lapawòl. Ayisyen, Gwadloupeyen, Matinikè, Gwyanè, Sentlisyen, Dominiken e tout dyaspora, se 12 milyon moun konsa ki retwouve yo adan pwogram sila.

Pou fèmen redaksyon kreyòl-la, Direksyon RFI di konsa se lajan ki manke. Poutan yo ka ouvè de sèvis an lang Awousa e Swayli…Kreyòl-la konsidere kontèl on lang bèbè, on lang mò.

Desizyon RFI pran-la pa bon ! Nou refize yo efase lang kreyòl-la anlè tablo Radyo Frans Entènasyonal. Nou rete kwè li posib pou desizyon channgo sa rete nan biwo mèt li. E nou prèt pou itilize tout mwayen pou fòse direksyon RFI a chanje lide.

Pou ride nou adan konba nou e pewmèt sèvis Kreyòl-la viv, siyen petisyon sa, voye li anlè adrès : soutien.emissioncreolerfi@yahoo.fr

Ale anlè blog nou an. Ban nou lavwa. Fè pawòl la pale.

Se grenn diri ka fè sak diri ! Se met kò ki veye kò !

Soutyen Redaksyon Kreyòl RFI

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Deux articles pour vous guider :

Créolisation et créolité
Tout le monde s’entend sur l’origine du mot « créole » : le mot vient du portugais « criolho » ou de l’espagnol « criollo ». A l’origine, ces mots ont été forgés pour désigner les enfants des Blancs nés dans les colonies que ces enfants soient issus de femmes blanches, amérindiennes ou africaines. Le terme a donc désigné les Blancs, les Noirs et les métis de Blancs, de Noirs et d’Amérindiens nés en Amérique, même s’il a très vite désigné les métis, ceux-ci étant devenus majoritaires.
Dans une conférence qu’il a donnée le 7 mai 2004 sur la culture créole, Raphaël Confiant explique que, pendant longtemps, seuls les hommes émigraient aux amériques. Les colons européens furent bien obligés de s’allier à des femmes autochtones, puis à des Africaines « donnant naissance à ce formidable métissage qui caractérise aujourd’hui les Antilles et l’Amérique du sud ». Raphaël Confiant précise encore que le mot créole a fini par toucher tous les ordres du réel (une banane créole, un cochon créole, la musique créole…) et qu’il a de ce fait désigné un processus d’adaptation dans le nouveau monde, encore appelé processus de créolisation.
Le processus de créolisation a concerné aussi le domaine de la langue et le sens du mot « créole » s’est appliqué à un parler, le parler créole. Au 17 siècle , les colons français qui débarquent aux Antilles débarquent des provinces du nord de la France et parlent le normand, le picard, le breton…autant de dialectes de la langue d’oïl pratiquée à cette époque dans le nord de la France (langue d’oc au sud). Le français en tant que langue n’existe pas à cette époque.
Les colons ne possèdent pas une langue unifiée qui leur permettrait de communiquer entre eux et que par ailleurs ils pourraient imposer aux indiens caraïbes et aux esclaves africains. Dans la cacophonie linguistique qui régnait en Guadeloupe comme dans le reste des Antilles, apparut d’abord un langage minimal, un sabir, formé d’éléments hétérogènes, qui a permis une communication sommaire entre les différents groupes de population. C’est ce sabir qui a posé les bases du créole.
En 50 ans à peine , le créole, né du contact entre Amérindiens, Blancs et Noirs d’Afrique s’est imposé comme nouvelle langue et fut d’emblée la langue maternelle des premiers enfants créoles. Et comme le dit encore Raphaël Confiant, « La langue créole n’est que la colonne vertébrale d’une culture construite et partagée par Blancs et Noirs, »puisque « en même temps que la langue apparurent progressivement une cuisine créole, une musique créole, une pharmacopée créole, une architecture créole… ».
Ce sont les « habitations », c’est-à-dire les plantations de canne à sucre qui furent le creuset où naquirent la langue et la culture créole, car c’est là que Blancs, Noirs et Mulâtres, puis les Hindous, furent obligés de travailler ensemble. On comprend ainsi que la musique créole comporte à la fois des éléments d’origine africaine (le « bel air » par exemple) et des éléments d’origine européenne (tel le quadrille). Il en va de même pour tous les domaines de la culture.
C’est au début du 20 siècle que se fait sentir la nécessité de défendre la langue créole (et donc la culture créole) déjà reniée une première fois à la fin du 17 siècle par les Blancs-créoles et les Békés, puis au 19 siècle par les Mulâtres et à présent même par la petite bourgeoisie noire. Cette langue plusieurs fois reniée était menacée car elle restait une langue orale. La défense de la langue exprimait le besoin de définir une identité, à savoir la créolité. Ce concept de créolité est né dans un mouvement littéraire dont les initiateurs furent Jean Chamoiseau, Jean Bernabé et Raphaël Confiant. Mais, c’est par d’autres auteurs que les bases de ce concept ont été au préalable posées : Aimé Césaire, l’initiateur de la Négritude, et Edouard Glissant, l’inventeur des concepts d’antillanité et de créolisation qu’il définit comme une ouverture au monde. Les deux ont insisté sur la prise en compte de la totalité de la culture caraïbe.
Le concept de « créolité » se définit donc d’abord par rapport à la langue, le parler créole qui est le vecteur de la culture. Le parler créole repose sur une base de vieux français mêlé de mots anglais , ou espagnols, et d’autres empruntés aux langues indigènes, le tout s’appuyant sur une syntaxe dérivée des langues africaines.
Il y a différents dialectes créoles qui varient d’une île à l’autre dans les Caraïbes mais ils reposent tous sur les mêmes principes. Même si le français est la langue officielle, le créole reste une langue bien vivante, la langue de tous les jours, celle qui exprime le mieux l’âme du peuple. C’est la langue de l’intimité, celle des poètes et celle de la musique antillaise. C’est la langue commune à toutes les Caraïbes, de Sainte Lucie à Haïti, de ce fait les habitants d’îles françaises, anglaises ou hollandaises, séparées par des milliers de kilomètres et qui ont des langues officielles différentes, se comprennent et arrivent à communiquer.
Le créole fut au départ une langue presque exclusivement orale, presque car les premiers écrits créoles datent du 17 siècle. Ce fut à l’origine une langue orale car elle est issue d’une tradition orale. Le parler créole a été ainsi le vecteur de la culture créole qui est d’abord une culture populaire. Une culture transmise par la mère à travers les contes, les comptines et devinettes, mais aussi à travers des histoires de zombies et des récits fabuleux qu’on racontait au cours des veillées et qui appartiennent aujourd’hui au folklore guadeloupéen.
Quelle que soit sa condition sociale, quel que soit son niveau d’études, chaque Guadeloupéen a grandi avec ces histoires, c’est de cette culture -là dont il est imprégné, cette culture qui a forgé une identité commune à tous les Guadeloupéens, et même tous les antillais, par delà les différences de classe et de couleur de peau. La défense de la langue ne pouvait se faire qu’à condition que celle-ci passe la barrière de l’écrit, c’est à quoi s’attelèrent les créolistes (voir plus loin les créolistes guadeloupéens dans la liste des personnalités ayant marqué la culture guadeloupéenne).
Il faut ajouter qu’en tant que langue, le créole est une langue pleine de saveurs, de couleurs, de rythme. A l’oral, il est tout en voyelles, lisse, sans aspérité, chantant ; les « R » se transforment en « w » à la fin des mots et les prolongent ainsi un instant, donnant à l’ensemble une intonation langoureuse.
C’est une langue qui s’adresse aux sens, qui véhicule des images et qui suscite l’émotion, quel que soit le niveau, oral ou écrit, auquel on l’appréhende.
Source http://www.guadeloupe-informations.com/article.php?id_article=37

Journée Internationale du Créole : Haïti doit faire valoir son leadership, selon plusieurs ONG
P-au-P, 28 oct. 01 (SICRAD) – "En 1804 la langue et la culture créoles ont remporté une victoire, renforçons notre culture pour assurer un autre triomphe !" : c’est autour de ce thème que le Réseau International des Cultures et de la Communication Créoles célèbre ce 28 octobre en Haïti la journée internationale du Créole.
Une série d’activités culturelles a été lancée 3 jours auparavant à l’École Normale Supérieure à Port-au-Prince et doit être clôturée ce 28 octobre : conférences et débats autour de la langue créole et la recherche scientifique, la langue créole et l’éducation en Haïti, la langue créole et la littérature créole, témoignages sur l’expérience d’écriture en Créole, exposition de livres, animation culturelle.
Plusieurs spécialistes et créateurs ont pris part aux activités, notamment le linguiste Lemète Zéphyr, les écrivains Jean-Claude Bajeux et Jean-Claude Martineau.
Le Réseau International des Cultures et de la Communication Créoles existe depuis trois ans et regroupe des institutions de plusieurs pays créolophones. En Haïti, parmi les organismes membres, on compte la Société Animation Communication Sociale (SAKS), le Magazine Bon Nouvèl, la Faculté des Sciences Humaines, les Centres Creololo, Karayibo et la fondation Africaraibes.
Selon Joseph Georges, Directeur Général de la SAKS, tous les secteurs de la société doivent conjuguer leurs efforts pour que la culture créole puisse occuper la place qui lui revient dans le monde. "Nous sommes une force en quantité et en qualité", dit-il. "Notre peinture, notre artisanat sont mondialement reconnus et nous formons la plus grande population créolophone de la Caraïbe", poursuit-il.
Joseph Georges invite l’État à jouer son rôle dans le relèvement de la culture haïtienne. Il souhaite aussi que les Haïtiens se servent des produits fabriqués en Haïti, de manière à les valoriser. Cette année la Plate-Forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) a jugé bon de contribuer activement a cette célébration de la journée internationale du Créole. Selon Camille Chalmers, Secrétaire Exécutif de la PAPDA, Haïti ne pourra nullement progresser si sa stratégie de développement ne se fonde pas sur sa culture et son histoire.
"Aujourd’hui, déclare Camille Chalmers, la situation est telle qu’on nous apprend à mépriser nos valeurs, a rejeter notre essence en tant que peuple, a rejeter nos traditions et nos acquis historiques". Il faut renverser cette situation, préconise-t-il, car, "tenant compte des contraintes actuelles de la globalisation, l’avenir d’Haïti passe par une lutte totale pour la défense de la culture créole".
Camille Chalmers s’étonne de voir que la Communauté Économique de la Caraïbe (CARICOM) ne se sert pas de la langue créole comme langue de travail, malgré le fait que depuis l’adhésion d’Haïti, le Créole est la langue la plus parlée de la communauté. "Haïti fait partie de la CARICOM mais le Créole n’en fait pas partie ", souligne Camille Chalmers, qualifiant cette situation de "particulièrement scandaleuse".

Plus de dix millions de personnes à travers le monde ont le Créole en partage. Les créolophones sont de diverses races et racines culturelles. Sur la carte mondiale, ils sont particulièrement repérés dans la Caraibe: en Haïti, Guadeloupe, Dominique, Martinique, Ste-Lucie, et Guyanne ; en Amérique du Nord : à Louisiane aux États-Unis ; dans l’Océan indien : aux Îles Seychelles, Réunions et Maurice.
En outre un fort pourcentage des immigrants aux États-Unis, au Canada, en France, en République Dominicaine, a Cuba, au Brésil et aux Iles Vierges ont le Créole comme langue maternelle. (SICRAD 28/10/01 12:00)
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