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L’ANNEE 2010 EN HAITI : La POHDH fait le point

 

Introduction

Traditionnellement, la Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) donne une conférence-bilan chaque fin d’année en vue de faire le point autour des grands événements et décisions ayant marqué le pays en matière de Droits Humains. D’où l’idée de l’organisation de la conférence de ce matin 30 décembre 2010.

 

 

II. L’année 2010 en Haïti : Evènements et décisions marquants en matière de Droits Humains

     2.1   Le séisme du 12 janvier

 

2010 a été une année de drames, de cauchemars en Haïti. Ce qui fait que la problématique des Droits humains est devenue davantage compliquée dans le pays.

Commençons par le tremblement de terre meurtrier et dévastateur du 12 janvier 2010, qui est sans conteste l’évènement majeur. En effet, le séisme a occasionné une catastrophe sociale sans précédent  dans le pays : plus de 300. 000 personnes sont mortes, des milliers d’autres sont blessées et  disparues, des centaines de milliers de maisons et bâtiments publiques (dont le Palais de justice, le palais National) sont détruits.

Conséquence, environ 1 millions de personnes vivent encore dans des camps d’hébergement dans la région Métropolitaine et à travers d’autres régions du pays, dans des conditions d’hygiènes, environnementales  très critiques menaçant leur droit de vivre dans un environnement sain et doté d’infrastructures nécessaires.  En d’autres termes, les camps d’hébergement constituent une catastrophe de plus en termes de conditions de vies  et de la jouissance des droits humains.

Il faut aussi souligner l’assassinat tragique du professeur-militant, Jn Anil LOUIJUSTE, dans l’exercice de ses fonctions académiques quelques heures avant le séisme. Par ailleurs, on a enregistré  d’autres cas d’assassinats au dont celui du couple JUMELLE et celui de l’orthopédiste Ronald JOSEPH, Secrétaire Général Adjoint du parti Konvansyon Inite Demokratik (KID) et ancien Directeur (2004-2006) de l’ONA.

 

Décisions émanant des autorités publiques et Internationales suites au tremblement de terre

· La Loi d’urgence de 18 mois

En vue de donner une réponse urgente à cette catastrophe humanitaire engendrée par le séisme, l’Exécutif haïtien a présenté << Une Loi d’Urgence de 18 mois >> devant les deux composantes  du parlement haïtien. Ratifiée par les deux chambres, cette Loi d’Urgence n’a pas donné les résultats escomptés. Au contraire, on a assisté à une détérioration de la situation notamment dans les quartiers défavorisés de la Capitale où il y a actuellement des abris constitués de morceaux de toiles, de cartons…etc.   Jusqu’à présent, certaines personnes ne peuvent pas dormir quand il pleut. On est en droit de se demander quelle a été vraiment la finalité de cette Loi d’Urgence, car la gestion de la catastrophe est extrêmement critique voire révoltante.

 

· Le décret loi prolongeant le mandant du Président de la République

Durant cette même période, le parlement a voté  un décret loi prolongeant le mandat du président jusqu’au deuxième lundi du mois de mai vu, ont-ils prétexté, la conjoncture post séisme. C’était  tout simplement une décision éminemment anticonstitutionnelle, qui aurait pu provoquer des mécontentements allant jusqu’à la complication de la situation.

 

·        La  création de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction D’Haïti (CIRH)

Pendant les premiers mois suivant la catastrophe du 12 janvier 2010, Haïti était au devant de la scène internationale. Plusieurs conférences  internationales sont organisées autour d’Haïti, notamment celle du 30 mars à New- York  au cours de laquelle beaucoup de promesses ont été faites pour la reconstruction du pays.  C’est ainsi que le gouvernement haïtien et  la communauté internationale ont crée une structure pour s’occuper de la reconstruction d’Haïti : CIRH.  Elle est coprésidée par l’ancien président américain, Bill CLINTON et le premier ministre haïtien, Jean Max BELLERIVE.

Cette commission toute puissante, formée sans la consultation et la participation réelle des secteurs nationaux,  n’a réalisé jusqu’à date que des activités pour la galerie, de showbiz.  Rien de sérieux n’est fait sinon le gaspillage des milliers de dollars pour l’organisation de rencontres vaines.  Pourtant, des milliers de personnes sont encore dans les camps sans espoir d’un demain meilleur. Dans cette lignée, nous tenons à attirer l’attention des autorités sur l’expulsion des victimes dans les camps dont le cas de SEPEM, Delmas 33, et celui de Bobef, à Carrefour-Feuilles, zone Savane Pistache.

 

 2.2  L’épidémie de cholera

Plus de dix (10) mois après le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010, soit le 19 octobre 2010,  une épidémie de cholera s’est soudainement déclarée en Haïti plus précisément dans les départements du Plateau Central et de l’Artibonite par l’entremise du fleuve reliant ces deux régions du pays.  Cette maladie  a déjà fait près de trois mille morts.  Cette épidémie ne tardait pas à se  propager à travers plusieurs régions du pays étant donné l’état de vulnérabilité, d’insalubrité  dans lequel pataugent les citoyens et les citoyennes.  Elle va jusqu’à créer de la division dans certaines régions du pays faute d’informations, dont les départements de la Grand ‘Anse et du Centre.

 

  2.3  Les Elections présidentielles et législatives du 28 novembre

Les Elections du 28 novembre 2010 en Haïti n’ont pas permis aux citoyens d’exercer convenablement leur droit civil et politique étant donné les irrégularités flagrantes et les divers cas de fraudes  qui ont caractérisé la journée de vote. D’où la crise post électorale suite à la publication des résultats préliminaires par le Conseil Electoral Provisoire (CEP) dont la crédibilité laisse à désirer.

La POHDH tient à dénoncer le comportement irresponsable du Président de la République dans sa déclaration du 23 décembre sur le dossier de la Cours de Cassation. Le Président a déclaré que les juges de la Cour sont inconstitutionnels, alors qu’il a la mission constitutionnelle de garantir la bonne marche des institutions publiques. C’est une attitude démagogique et irresponsable.

 

III. Conclusion et recommandations

Tout compte fait,  l’année 2010 s’est révélée tragique en Haïti. C’était une année de deuils et de violation de toutes sortes en matière de droits humains. Les droits sociaux des citoyens sont bafoués. A titre d’exemple, les conditions dans lesquelles vivent les occupants dans les camps d’hébergement. L’accès  à  un logement décent, à l’eau potable, à un environnement propre,   à l’alimentation, à de meilleurs services de santé et à la protection sociale  sont plus que jamais préoccupant.

Au niveau des droits civils et politiques, c’était aussi lamentable si l’on considère les conditions dans lesquelles les élections du 28 novembre ont été réalisées et les différents cas d’assassinats enregistrés.

La POHDH demande aux autorités de prendre les mesures qui s’imposent de manière à ce que l’année 2011 soit meilleure en matière de respect et de jouissance des droits des citoyens et citoyennes, particulièrement les Droits Economiques, Sociaux et Culturels.  

 

POHDH, 30 Décembre 2010