A la mémoire de Magali Marcelin et de tous les autres dreadlocks et les rastas qui sont partis le 12 janvier 2010.
Avec l’ascension Youri Chévry au rang de maire de Port-au-Prince, capitale de la République d’Haïti, en dehors des résultats et du bilan qui illustreront l’administration de ce dernier, c’est un nouveau pas qui est franchi par les dreadlocks en Haïti dans leur promotion sociale. Il n’est certainement pas le dernier élu haïtien en date à porter des dreadlocks. On peut citer le sénateur Antonio Cheramy, ainsi que le député Claudy Luc Guilaume.
D’entrée de jeu, rappelons que les rastas ou les dreadlocks ne sont ni les plus méchants ou ni les plus violents que beaucoup d’autres hommes et de femmes qui ont les cheveux bien rasés et coiffés portant des habits occidentaux les plus prestigieux.
En vertu du principe du droit et de la reconnaissance de la diversité culturelle tant prôné par l’UNESCO depuis quelques décennies, il y a lieu de respecter ces communautés rebelles, dans leurs visions et leurs protocoles de valeurs respectives.
Un musée haïtien pour apprécier la diversité des cultures et des mœurs !
Si le les dreadlocks symbolisent l’esprit de révolte, et le rasta une forme de religion, s’ajoute une troisième voie qui est celle des personnes qui portent des tresses longues ou courtes juste pour se faire un style et une beauté.
Dans un souci de représenter ce qu’il y a de bon, de beau et de bien dans chaque secteur d’activité et dans chacune des institutions sociales, et particulièrement dans les domaines où le patrimoine matériel et immatériel souffre de tous les maux et des mépris, nous voulons proposer un espace de mémoire et d’histoire sur les vies et les œuvres des rastas et des dreadlocks en Haïti.
La population haïtienne et les touristes venus d’ailleurs pourront ainsi découvrir une riche collection d’œuvres artistiques et littéraires de toutes sortes, réalisées par les rastas en Haïti. Des archives audiovisuelles, des photos, des publications et d’autres documents racontant la vie, la vision, les valeurs, et la volonté affirmative de ces hommes et femmes rebelles serviraient certainement à éduquer les enfants d’aujourd’hui et de demain.
« L’histoire des rastas en Haïti », « Femmes dreadlocks en Haïti », « Dreadlock en Haïti et dans la diaspora », « Les 100 plus célèbres dreadlocks ou rastas », « Rasta en Haïti : rêves, rébellion et réalisations », « La face cachée des rasta », « L’innocence des enfants rastas », « Rastas entre violence politique et urbaine en Haïti », « L’éducation des rastas en Haïti », « Rasta et vodou en Haïti », sont dans la liste des thèmes d’expositions à découvrir durant toute l’année parmi tant d’autres dans le décor de ce musée imaginaire.
Un musée pour découvrir l’histoire et la différence entre les dreadlocks, les rastas et les gens qui portent des tresses !
Quelle place occupe les rastas dans la société haïtienne sur le plan économique, politique, religieux, diplomatique et culturel entre autres ? Qu’est ce qu’on apprend aux enfants haïtiens sur les rastas ou les dreadlocks dans les écoles en Haïti ? Quelles sont les activités économiques particulières que l’on retrouve dans la communauté rasta ? Quels sont les régimes ou les partis politiques qui facilitent qualitativement ou quantitativement l’émergence des rastas en Haïti ? Comment les rastas contribuent-ils au développement économique et social en Haïti ?
En visitant le premier musée des rastas dans le pays des marrons, il sera possible de trouver les réponses appropriées à chacune de ces réponses.
Qui sont les premiers dreadlocks en Haïti ? Quels sont les plus célèbres rastas en Haïti ? Quelles sont les entreprises qui recrutent sur la base des compétences tout en respectant les droits de ces professionnels affirmés ou anticonformistes ? Quelles sont les villes ou les régions où l’on retrouve le plus de rastas et des dreadlocks en Haïti ? Pourquoi les rastas font-ils peur pour certaines personnes en Haïti ?
Musée haïtien des Dreadlocks : une exposition entre rastas, rara, racine, révolte et rébellion !
En attendant de trouver un local pour aménager le musée des Rastas, il n’est pas étonnant de voir inaugurer bien avant le musée des crânes rasés en Haïti. Contentons-nous quand même de proposer des repères pour saluer le courage et la détermination de ces hommes, ces femmes et ces enfants qui se sont imposés dans la société haïtienne en dépit des multiples formes de discrimination dont ils subissent sur tout leurs parcours.
Théodore Beaubrun dit Lòlò et Eddy François, Samba Zao, feu Samba Kessy, Jah Looky, Dread Krazy, des groupes comme Israel avec Zikiki, Rebel Lyon, sans compter d’autres figures de la culture haitienne comme Jean Robert Decatus.
De nouveaux visages s’imposent avec des tresses comme : Jean Jean Rosevelt, Izolan, Wesly au Canada, Jetry Dumont dans les médias, comme on se rappelle de Jae Nesta dans les années 2000.
Rodney Saint-Eloi, Welele Doubout, Mackenzy Orcel, Rolaphton Mercure, Killy, Eddy Jean Rémy sont les plus visibles icones portant des tresses, qui renforcent la liste comportant des noms comme: Zaka, Walner O. Registre, Tony Mix, Bastia Gyerchang, Steve et Herby Azor, etc.
Citons quelques unes des têtes qui se sont défaites de ces tresses courtes ou longues. On peut citer : Patrick Jean Juste, James Pierre, Marvin Victor, Tessa Mars, Eddy Joseph, Pasko…
Musée des Rastas en Haïti : une exposition sur la force de caractère des femmes portant des tresses !
Magali Marcelin et Myriam Merlet deux monuments à placer au prochain musée des drealocks en Haïti, figurent dans la liste de ces femmes rebelles, leaders et belles qui sont parties par la force du séisme du 12 janvier 2010. Plusieurs autres rebelles aux belles tresses continuent d’assurer la garde depuis.
En 2013, l’ambassade des Etats-Unis avait honoré la députée de la commune de Milôt (Département du Nord) Marie Jossie Etienne, une femme politique portant des tresses moins longues que celles de l’ancienne ministre Marie Laurence Josselyn Lassègue.
Danielle Magloire, ancien membre du Conseil des Sages en 2004, est l’une des plus éminentes figures féminines portant des dreadlocks. Mimerose Beaubrun, Eud, Tifane, Esmeralda Milcé Garihanna Jean-Louis, Makeda, Gaelle Bien-Aimé ne passent pas également inaperçues dans le décor des femmes aux cheveux tressés parmi tant d’autres. Nérilia Mondésir s’impose également dans la liste des jeunes filles sportives portant des tresses, dont la plupart évoluent dans le football.
Entre hommage et message, entre héritage et courage de s’affirmer dans un pays aussi complexe et exigeant, je vous invite, mesdames et messieurs les rastas et les dreadlocks haïtiens, à publier des livres et à produire des documentaires, des festivals, des catalogues, des expositions pour raconter votre histoires, vos déboires et vos gloires.
Comme monsieur tout le monde, vous disposez autant les mêmes droits pour utiliser tous les types de supports et de medium pour communiquer votre vision et vos valeurs les plus essentielles, vos réalisations et vos créations, qui vont compléter les collections, en attendant l’inauguration de votre musée.