Photographie : Notre regard
En avril 2013, Gaël Turine et Chiqui Garcia réalisaient un atelier de photographie à FOKAL, avec la participation de Wallonie Bruxelles International. 12 jeunes photographes et journalistes ont suivi cet atelier, qui a débouché sur cette belle publication virtuelle, en attendant la publication papier.
Haïti est présente dans la photographie internationale, dans la presse, les galeries d’art ou les publications d’ONG. Le sont moins les photographes haïtiens, au regard de cette présence réalisée par d’autres. Au regard d’arts dans lesquels les Haïtiens brillent d’une grande reconnaissance comme la peinture ou la littérature.
La photographie n’est pas un art majeur en Haïti aujourd’hui. Il n’y a pas d’école de photographie comme elles existent en Europe, dans les Amériques ou en Asie. Manque ainsi une vision photographique haïtienne sur les réalités d’Haïti et sur celles du monde actuel.
Depuis 2010, FOKAL s’est engagée plus formellement à soutenir le développement de ce regard haïtien en photographie, notamment via la tenue de formations ponctuelles, le développement de la documentation sur la photographie en Haïti, et le soutien à des individus dans leur travail.
Cette publication est le fruit d’une de ces démarches, menée par le photographe belge Gaël Turine et la graphiste espagnole Chiquinquira Garcia. Durant près de dix jours en avril 2013, ils ont travaillé en atelier avec 12 jeunes photographes et journalistes haïtiens. En début d’atelier, chacun a choisi un thème de travail lié à la ville de Port-au-Prince. Cimetière, vie de quartier, art urbain, travail des artisans, accès à l’eau, vie nocturne, vie familiale, portraits, commerce, vaudou, usine à bonbon, médecine traditionnelle. Chaque jour, le travail des uns et des autres était analysé en groupe, ce qui a permis un apprentissage par la pratique, qu’il s’agisse de la bonne distance à créer avec son sujet, du travail de la lumière, de la composition photographique tout comme celle du récit. Ce travail sur le concret a permis à plusieurs des photographes de faire un réel bond en avant dans ce métier qui s’apprend, comme tant d’autres, par la pratique et les échanges sur le travail de tous.
Il s’agissait de construire son discours en amont, en sachant ce qu’on veut raconter et en imaginant les images indispensables pour ce faire, mais il s’agissait également de construire son propos en aval, en réalisant la difficile sélection des photos et leur mise en page. Les photographes ont pu percevoir comment valoriser leurs photographies et leur discours via les techniques graphiques, et comment celles-ci existent, au-delà de critères esthétiques, pour renforcer le sens du propos.
C’est le résultat de toute cette démarche que tente de faire voir cette modeste publication.
Nous vous en souhaitons une bonne découverte et souhaitons à ces jeunes photographes tout l’avenir qu’ils méritent : celui de faire exister un jour prochain leur regard sur la scène haïtienne et internationale.
Maude Malengrez
Pour FOKAL