Les soubresauts réguliers qui agitent la population haïtienne depuis des mois reposent pour partie sur l’indignation que nourrit l’opinion à l’égard d’une affaire de corruption impliquant plusieurs présidents haïtiens. Une affaire née avec un généreux programme lancé par Hugo Chávez en 2008.

Haïti, le pays le plus pauvre d’Amérique, est habitué à vivre en état de crise. Quand ce n’est pas à cause d’une catastrophe naturelle (comme un tremblement de terre ou un cyclone), c’est à cause de l’économie ou de la politique.

Ou de la corruption, comme en ce moment. La Cour supérieure des comptes a établi que pendant les onze années où le Venezuela a fourni du pétrole à Haïti, à des prix de très bon ami dans le cadre du programme PetroCaribe, plus de 2 milliards de dollars se sont volatilisés [1,7 milliard d’euros]. Une partie de cet argent aurait fini dans les poches du président haïtien, Jovenel Moïse [élu en décembre 2016].

Ce scandale est à l’origine des violentes manifestations qui secouent le pays depuis les six derniers mois et qui se sont intensifiées ces dernières semaines. Pour les analystes, elles révèlent de façon évidente la volonté de certains secteurs politiques de renverser le chef de l’État.

Jovenel Moïse, un entrepreneur agricole qui aime se faire appeler “l’homme- banane” parce que la production de bananes pour l’exportation a été son plus beau succès, est accusé d’avoir détourné plusieurs millions de dollars de l’aide versée par le Venezuela à son entreprise bananière, Agritrans, lorsqu’il en était le PDG, et ce pour financer plusieurs projets sociaux qu’il n’a jamais menés à bien.

Mais la situation actuelle a également été provoquée par le manque de soutien et d’investissements dans une région dévastée par les ouragans.