Le Trafic et la Traite de personnes doivent être punis

par les deux Etats de l’île

Note de Presse du GARR, 23 janvier 2006

Le GARR salue la célérité avec laquelle le gouvernement dominicain a bouclé une enquête préliminaire concernant le trafic d’êtres humains à la frontière haitiano-dominicaine qui a coûté la vie à 25 ressortissants haïtiens, morts asphyxiés dans un camion fourgon, dans la nuit du 10 au 11 janvier 2006. Le GARR prend acte des déclarations officielles exprimant la volonté de ce gouvernement à sanctionner les auteurs et complices de ce crime odieux.

Le GARR profite de l’occasion pour exhorter le gouvernement haïtien à prendre, de son côté, des mesures efficaces pour punir les trafiquants haïtiens qui ne cessent de promettre monts et merveilles à des pauvres citoyens en quête de travail, sans tenir compte des dangers qu’ils vont encourir en traversant la frontière.

Le GARR saisit également cette opportunité pour demander aux dirigeants haïtiens des informations concernant les suites données à plusieurs dossiers relatifs au trafic et à la traite de personnes qui lui ont été soumis depuis un certain temps. Citons entre autres :
· Le dossier de Guayubin où quatre militaires dominicains avaient ouvert le feu sur un camion transportant des haïtiens, tuant six d’entre eux et un dominicain. Cela fait déjà six (6) années que ce dossier traîne devant la justice dominicaine. Qu’a fait le gouvernement haïtien pour que justice soit faite et réparation attribuée aux victimes et leurs familles?
· Le cas de Jerry Dory, un enfant haïtien enlevé à Port-au-Prince, en octobre 1999 en même temps que sa sœur. Ces deux enfants ont été par la suite retrouvés à Santo Domingo. Une plainte a été déposée le 24 juin 2004 devant le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince et jusqu’à présent le dossier traîne encore.

Des éclaircissements doivent être aussi fournis à la population haïtienne sur la surveillance de la frontière; sur les suites données aux propositions faites au

gouvernement en 2005, par plusieurs autorités locales pour une meilleure gestion de la frontière et le contrôle du trafic et de la traite de personnes dans cette zone. Ces propositions avaient été remises à un représentant du président Boniface Alexandre qui participait à la cérémonie de clôture d’un séminaire sur le Trafic et la Traite de personnes à l’intention de fonctionnaires de plusieurs institutions publiques. Nous attendons aussi des informations concernant l’état d’avancement de l’élaboration d’une législation punissant le Trafic et la Traite, annoncée par le chancelier haïtien, M. Hérard Abraham, en octobre 2005.

Le GARR aimerait souligner à l’attention de tout le monde que la lutte contre cette pratique inhumaine, qu’est le trafic de personnes, implique aussi :
· l’adoption et l’application de mesures socio-économiques pouvant améliorer les conditions de vie de la population ;
· la sensibilisation des candidats et candidates à l’émigration sur les documents de voyage nécessaires pour se rendre dans un autre pays, et particulièrement en République Dominicaine. Cette sensibilisation doit toucher les populations des zones rurales en particulier ;
· la baisse des tarifs de voyage vers la République Dominicaine, notamment les frais de visa et d’immigration, ce pour faciliter les voyages réguliers. De telles décisions nécessitent une concertation entre les gouvernements haïtien et dominicain;
· la dotation aux immigrants ayant un emploi en territoire dominicain de documents légaux (permis de travail et permis de séjour) les habilitant à voyager et à séjourner de manière permanente ou temporaire en territoire voisin.

Le GARR ose croire que la tragédie du 10 janvier 2006, qui a jeté dans le deuil 25 familles haïtiennes, éveillera la conscience des autorités haïtiennes et dominicaines et suscitera l’adoption et l’application de lois équitables pour régir les migrations et poursuivre des auteurs du Trafic et de la Traite de personnes.

Colette Lespinasse
Coordonnatrice