Un autre rassemblement, après celui du 21 juillet, s’est tenu, samedi 4 août à Montréal le rétablissement du moratoire sur les déportations vers Haïti, et la fin des déportations des migrants ayant transité par les États-Unis

A l’appel de l’organisation « Solidarité sans frontières », des résidents de la région de Montréal se sont rassemblés, samedi, devant les bureaux de l’Agence des Services Frontaliers du Canada au 1010 St-Antoine, pour exiger un moratoire immédiat sur les déportations vers Haïti.

Ils se sont dits indignés que le Canada continue de menacer les gens de déportation vers Haïti dans le contexte actuel de violences et d’instabilité politique. « Si Haïti n’est pas sécuritaire pour les canadiens, il n’est pas plus sécuritaire d’y déporter les gens », ont-ils fait valoir.

En effet, il y a quelques semaines, le gouvernement canadien recommandait d’éviter tout voyage en Haïti en raison d’une hausse soudaine de violences et d’instabilité politique dans ce pays. Cette crise récente vient s’ajouter aux persécutions ou menaces à leur existence que fuyaient déjà les adultes et enfants d’origine haïtienne qui font une demande d’asile au Canada.

« Les personnes qui sont venues au Canada à partir des États-Unis après que Trump ait levé le moratoire sur les déportations vers Haïti, traversant irrégulièrement à cause du soi-disant Accord sur les tiers pays sûrs, se font maintenant déporter discrètement par milliers, en dehors des projecteurs des médias. Tellement de gens se font déporter en ce moment que les services frontaliers font du temps supplémentaire, convoquant même les gens le samedi pour recevoir leur date de déportation », a indiqué l’organisation « Solidarité sans frontières » sur son site web.

« En fait, leurs applications pour le statut de réfugié sont refusées dans des proportions qui démontre une fois de plus l’injustice du système canadien de traitement des réfugiés. Les avocat-es rapportent n’avoir ni le temps ni les moyens de défendre les intérêts de leurs client-es. Certain-es réfugié-es Haïtien-nes se sont fait ordonner de venir aux bureaux de l’ASFC pour « choisir » leur date de déportation pendant que leur dossier est toujours devant la cour fédérale. Forcé-es de se présenter un samedi, plusieurs y vont sans un-e avocat-e et sans accompagnement, et se font d’autant plus facilement mettre la pression pour « accepter » leur déportation sans avoir eu accès à tous les recours légaux, ou à accepter des échéanciers aux délais aussi inadmissibles et rapprochés que deux semaines. D’autres ont été détenu-es en attendant leur déportation; le centre de détention de l’immigration de Laval est apparemment plein à l’heure actuelle », a poursuivi la note de « Solidarité sans frontières ».

S’élevant contre l’étude « cas par cas » des dossiers et exigeant un statut pour tous, les protestataires ont révélé que des familles entières vivent dans la peur de devoir être déracinées une fois de plus de leurs vies, leurs amis, leur travail.

« En désespoir de cause, d’autres « choisissent » de ne pas se présenter pour leur déportation et de demeurer dans l’ombre comme migrant-es sans statut, en proie à l’exploitation et craignant d’être arrêté-es et déporté-es », se sont-ils lamentés.