Marche pour la légalité à la frontière :
Voir le reportage photo sur le site du GARR
 
Port-au-Prince, le 22 mars 2006.  Des membres du  Réseau Binational Jeannot Succès pour la Défense et la Promotion des Droits Humains (RBJS), ont marché dans les différents points officiels de la frontière haitiano-dominicaine, le 20 mars 2006, date retenue par cette organisation comme la  "Journée de la légalité à la frontière " . A Malpasse/Jimani, Anse-à-Pitres/Pedernales, Belladère/Elias Piña et Ouanaminthe/Dajabon, les monitrices et moniteurs haïtiens et dominicains ont délivré des messages en créole et en espagnol, condamnant le trafic et la traite de personnes à la frontière. 
 
Les membres du Réseau vêtus de T-shirts avec la double inscription : " Pito ou peye yon viza pase pou peye ak lavi w / Mejor pagar una visa que pagar con la vida ", ont arboré sur tout le parcours  des pancartes et des affiches dénonçant la traite et le trafic de personnes. Ils-elles ont lancé des slogans contre l’impunité dont jouissent encore les trafiquants (boukonn), des deux côtés de la frontière. " Les militaires dominicains et les policiers haïtiens doivent cesser de se faire complices des trafiquants" ; "L’Etat haïtien doit décentraliser les services d’octroi de documents de voyage" ; "L’Etat dominicain doit respecter les documents délivrés par l’Etat haïtien" ; "Voyageons dans la légalité ; " sont des messages qu’on pouvait lire sur les pancartes et affiches exhibées en la circonstance.
 
Au cours de cette "Journée de la légalité à la frontière",  l’ensemble des comités du Réseau Binational Jeannot Succès ont rappelé les principaux actes de violence observés lors des rapatriements.  Ils ont dénoncé la discrimination, la xénophobie et le racisme pratiqués en République Dominicaine à l’égard des migrants haïtiens.  Ils ont réclamé l’application de sanctions contre les trafiquants et l’adoption d’une vraie politique migratoire pour gérer au mieux la migration haïtienne et apporter une réponse appropriée aux différents abus dont sont victimes de nombreux ressortissants haïtiens en République Dominicaine.
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A Malpasse/Jimani,  le public a pu apprécier un nouveau chant intitulé "Gonfle fòs nou pou konbat trèt ak trafik", composé par un groupe de femmes de Fonds-Verrettes. Les participants-es à la marche ont observé des arrêts et délivré des messages à Malpasse, devant les locaux de l’Immigration et la Douane, la Police et à Jimani, devant le portail frontalier.
 
A Belladère, zone frontalière du Département du Centre d’Haïti, avant la marche, une cérémonie religieuse s’est tenue sur la place publique avec la participation d’officiants de différentes confessions venant de Savanette, Lascahobas et Belladère.  Un exposé sur les différentes activités effectuées par les comités locaux, sur le thème du Trafic et de la Traite de personnes sur l’île, a été suivi d’un débat. Des autorités locales de Belladère, des rapatriés, des monitrices et moniteurs dominicains-nes venus d’Elias Piña ont pris part à cette activité, ayant précédé la marche.
A Ouanaminthe, ville frontalière du Nord-Est d’Haïti, les membres du Réseau Binational Jeannot Succès, ont rappelé sur leur parcours, la mort tragique des 25 migrants haïtiens asphyxiés dans une fourgonnette dans la nuit du 10 janvier 2006, lors d’un trafic vers la ville de Santiago de los Caballeros (Nord de la République Dominicaine).
 
Dans un document distribué au cours de cette Journée de la Légalité, le Réseau a recommandé à l’Etat haïtien :   L’élaboration de lois spéciales pour la régularisation de la migration haïtienne, entre autres,  une loi contre le trafic et la traite de personnes ; l’allégement des procédures d’octroi de documents permettant aux Haïtiens qui le désirent de voyager dans la légalité ; la création de conditions socio-économiques incitant les Haïtiens-nes à rester chez eux ; le contrôle effectif de la frontière. A l’Etat dominicain, le Réseau Binational Jeannot Succès recommande : L’application de la loi 137-03 qui punit les auteurs du trafic et de la traite de personnes ;  la cessation des actes de barbarie perpétrés par les militaires/civils dominicains contre les Haïtiens ; Le respect des conventions internationales sur la migration comme la Convention Interaméricaine qui interdit les déportations en masse ; La cessation de la collecte de taxes arbitraires dans les marchés frontaliers et la saisie  illégale de marchandises. Enfin, le RBJS exhorte les deux Etats à la signature d’accords pour une bonne gestion de la migration et la frontière et au suivi judiciaire des dossiers de Belony Fleury et Charlemagne Edmond, deux (2) haïtiens assassinés respectivement en novembre et décembre 2005 à la frontière.
Cette "Journée de la Légalité à la frontière" clôture une campagne du Réseau Binational Jeannot Succès de Défense et de Promotion des Droits Humains, contre le trafic illicite et la traite de personnes, initiée le 16 novembre 2005, en Haïti et en République Dominicaine.(Fin de texte GARR, 22/03/06)