Mais que font les ONG face à Irma à Cuba et en Haïti ?
L’ouragan Irma qui s’est abattu début septembre dans les Caraïbes a mobilisé nombre d’ONG, à la fois dans les collectivités françaises d’outre-mer, mais aussi à Cuba et en Haïti. Irma a été l’un des ouragans les plus puissants de ces dernières années dans la région. A Cuba, il a touché très fortement le centre du pays, autant qu’en 1932, date de survenue d’un ouragan de même intensité. En Haïti, contrairement aux craintes, la situation a été moins grave, les dégâts sont moindres que prévus mais les inondations posent problème. Explications.
Cuba, des dégâts considérables
Routes inondées, maisons détruites, toits arrachés, voiries publiques dévastées, les dégâts sont considérables dans le centre du pays. Infrastructures et installations électriques sont endommagées tout comme les systèmes de distribution d’eau. Les pertes agricoles sont importantes d’après le CCFD-Terre solidaire engagé dans un programme d’appui aux organisations paysannes cubaines. Ce programme promeut l’agroécologie et le développement rural. Mais surtout point important dans le contexte actuel, il sensibilise à l’adaptation au changement climatique. Car ce dernier amène un réchauffement des eaux, des ouragans alors plus fréquent et d’intensité plus élevés.
Présent aussi à Cuba, le Secours populaire français (SPF) fait le même constat sur la situation et insiste sur l’urgence à réhabiliter les 5000 hectares sévèrement endommagés pour répondre aux besoins alimentaires de la population. En 2016, le SPF avait réhabilité deux écoles de la municipalité d’Imías (Province de Guantanamo), détruites par l’ouragan Matthew. Cette fois-ci pour répondre à l’urgence, le SPF attend les propositions de projets des associations cubaines partenaires. Ce seront certainement des programmes de réhabilitation des activités agricoles et/ou de réparation de structures collectives, outre une aide d’urgence qui sera débloquée pour les familles qui ont tout perdu suite à la catastrophe.
Autre organisation présente, Care France apporte une aide en termes d’eau, d’assainissement, mais aussi fournit le matériel nécessaire à la reconstruction des maisons détruites (photo ci-dessous). Care va soutenir 20 000 personnes dans les provinces de Villa Clara, Camagüey et Holguin.
Haïti, des inondations aux multiples conséquences
Traditionnellement les ONG françaises sont plus présentes dans cette île. Les programmes de soutien, y sont nombreux et à même d’offrir une réponse rapide face à un événement climatique. Irma a déclenché d’importantes inondations et les populations du nord-ouest du pays ont subi orages et pluies diluviennes comme nous l’a relaté Médecins du monde, présent dans l’île depuis 28 ans, et alors mêmes que ces populations ont déjà été victimes du passage destructeur du cyclone Matthew il y a moins d’un an. À l’époque, MDM avait reçu plus de 11000 personnes en consultation et soignés plus de 500 blessés. C’est dire l’importance de l’impact d’un ouragan majeur. La mise à l’abri préventive de la population a sauvé de nombreuses vies mais MDM s’inquiète particulièrement du risque de propagation du choléra et suit de près l’évolution de la situation. D’où un renforcement par l’ONG des actions de sensibilisation de la population et distribution de tablettes de purification d’eau dans la région nord d’Haïti. Même crainte pour Action contre la faim qui craignait que 600 000 personnes soient menacées par les inondations au nord du pays. En conséquence ACF a prévu d’intensifier son action pour contrer ce risque choléra par une distribution d’eau potable, mais également de la nourriture et des kits d’hygiène aux sinistrés.
Mais pour l’instant les nouvelles ont été plutôt rassurantes à propos d’Irma puis au sujet du passage de l’ouragan José comme nous l’a confirmé Agrisud et AVSF (Agronomes et vétérinaires sans frontières), en terme de vies et si l’on compare aux dégâts causés dans les territoires français et à Cuba. Le pays a échappé au désastre redouté confirme Handicap International. Et il devrait en être de même pour le passage de l’ouragan Maria. Mais il reste ces inondations qui doivent être prises en compte de manière durable étant donné les reliefs environnants qui sont très dégradés du fait d’une très forte déforestation. Les eaux de pluies ne sont alors plus retenues et se déversent en torrents de boue. Protéger ces reliefs pour limiter ces conséquences désastreuses, c’est un des enjeux du programme d’Agrisud d’aménagement et de valorisation durable du bassin versant de Limbé. Un peu plus de 700 petites exploitations sont concernées. Le CCFD-Terre solidaire est lui aussi engagé dans la réhabilitation des sols, notamment par le rétablissement de la couverture forestière.
Handicap international est elle aussi mobilisée pour continuer à soutenir les plus fragiles, déjà dans un équilibre très précaire, aux logements rudimentaires et sans vrai emploi. D’où l’implication de l’association dans un projet d’appui à la protection civile et aux acteurs locaux – dont l’ONG Haïtienne ADEMA – dans la préparation des risques et des catastrophes. Plus précisément cet appui consiste dans l’aide à la mise en place de plans d’urgence communaux et familiaux mais aussi dans l’activation de systèmes d’alerte précoce. Par exemple Handicap fournit depuis 2013 des kits d’urgence aux familles contenant radios, lampes de poche et bâches pour préserver leurs biens. Face à Irma, l’ONG va identifier les nouveaux besoins urgents auprès des familles les plus fragiles.
L’ouragan Irma a épargné la grande ville du Cap Haïtien, deuxième ville du pays avec 250 000 habitants. Il n’a donc pas touché la plus grande partie des territoires des coopératives de producteurs de cacao de FECCANO, coopérative de commerce équitable dont AVSF est partenaire. Soixante tonnes de cacao ont pu être préservées comme le montre la vidéo ci-dessous. Toute l’île n’a donc pas été touchée comme nous l’a confirmé Solidarité laïque, engagé dans un programme de développement de l’éducation et dialogue social dans la région sud.