Paru dans le Nouvelliste

Dans mes cours d’économétrie, je prenais souvent l’exemple d’une hypothétique évolution simultanée du produit intérieur brut russe et celui d’Haïti pour illustrer la notion d’absence de causalité ou de corrélation fortuite. Celle-ci résulte alors d’une forte variation coïncidente entre deux variables, dénuée de tout fondement théorique, empirique ou intuitive. Avec la guerre russo-ukrainienne, cette illustration ne tient plus : les variables de l’économie russe peuvent bien avoir un impact considérable sur l’économie mondiale et sur l’économie haïtienne en particulier. L’exemple le plus éloquent demeure l’explosion du prix du pétrole comme conséquence directe de l’invasion russe.

Le prix du baril de pétrole Brent, variété de pétrole la plus échangée à Londres, a clôturé la journée du vendredi 4 mars 2022 à 118.11 dollars américains. Il faut remonter au mois d’août 2008 pour retrouver un prix du baril de pétrole brut aussi élevé. Cette explosion de prix est due essentiellement à l’arrêt, de facto, des exportations russes. Pour la seule séance du vendredi 4 mars 2022, le prix du baril de pétrole Brent pour livraison en mai a augmenté de 6.92 %. Pour les huit premiers jours à compter du déclenchement de la guerre par la Russie, le prix de ce même baril de Brent a crû de 21.9 %. Avant le début de la guerre, le baril de Brent s’échangeait à 96.9 dollars américains à Londres. Le 1er décembre 2021, le prix de ce même baril s’élevait à seulement 68.94 dollars américains.

À New York, le baril de pétrole brut, en l’occurrence le « West Texas Intermediate (WTI) » avec échéance en avril, a connu une hausse de 7.43 % le vendredi 4 mars 2022. Il a clôturé la journée à 115.68 dollars américains, un niveau inégalé depuis le mois de septembre 2008.

Les consommateurs ressentent déjà les effets de la flambée du prix du pétrole. Les prix à la pompe ne cessent de grimper partout dans le monde. Aux États-Unis d’Amérique, le prix du gallon (3,78 litres) d’essence ordinaire en Californie s’élevait à 5 dollars le vendredi 4 mars 2022, un record. Au Canada, dans la ville de Vancouver, le gallon d’essence était vendu à plus de 7.6 dollars canadiens. Certains automobilistes canadiens envisagent même de trouver des alternatives à l’utilisation de leur voiture en pensant au covoiturage, aux transports en commun, voire à la vente purement et simplement de leur voiture, selon les témoignages recueillis par Radio-Canada.

Ce sont les premières conséquences économiques de l’invasion russe. Selon certains spécialistes, même avec la vente massive de pétrole provenant d’autres marchés ou des stocks stratégiques américains, le prix du baril du pétrole brut restera probablement au-dessus de 100 dollars américains dans les prochains jours si la guerre persiste. Pour le moment, les traders évitent l’importation de pétrole en provenance de Russie, ce qui provoque une baisse de trois millions de barils sur un marché qui était déjà assez volatile avant le début de la guerre.

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