La Ligue des droits de l’Homme, section de Cayenne, n’a pas pour mission d’intervenir dans les campagnes électorales.
Mais au terme des élections tant municipales que cantonales, la Ligue des droits de l’Homme, section de Cayenne, se doit de dénoncer les manquements et dérives de dernière minute.
Certains candidats ou anonymes ont franchi le pas de l’intolérable : propos radiodiffusés accusant des enfants étrangers d’être porteurs des pires maux ou encore tracts distribués à Roura stigmatisant un candidat en raison de sa couleur.
La Ligue des droits de l’Homme, section de Cayenne, renouvelle sa condamnation de toute forme de xénophobie ou d’appel à la haine raciale.
Cayenne, le 16 mars 2008
COMMUNIQUE
La Ligue des droits de l’Homme, section de Cayenne, ayant pris connaissance du discours tenu à Camopi par Monsieur le Président de la République le 11 février 2008, s’alarme de la formulation « aucun plan de rattrapage des équipements scolaires ne règlera le problème de la non scolarisation de 3000 enfants ». Celle-ci pourrait en effet justifier un frein au développement des constructions et des postes d’enseignants. Or ces éléments non exclusifs sont absolument nécessaires dans la perspective d’une éducation de qualité.
La section réfute l’analyse selon laquelle la non scolarisation et l’absentéisme tiendraient « aux modes de vie différents de certaines populations ». Elle sait en effet que le désir d’école fait partie des stratégies parentales dans l’ensemble des composantes de la société guyanaise, et que les phénomènes de nonscolarisation et de déscolarisation tiennent essentiellement à trois facteurs :
· les difficultés matérielles liées aux distances, accentuées par l’insuffisance de transports, d’établissements de proximité et d’internats
· les entraves administratives, souvent illégales, apportés par certaines mairies à l’inscription d’élèves en particulier étrangers, sources de découragement pour des familles peu au courant des normes et du droit
· la crainte de certains parents en situation irrégulière que la scolarisation de leurs enfants ne facilite leur propre expulsion
Elle approuve le principe d’une adaptation des programmes et des méthodes aux spécificités du terrain et des élèves, et reconnaît la valeur du travail innovant mené par les médiateurs bilingues et par l’IUFM. Elle s’inquiète cependant d’une dérive possible vers un abaissement assumé des exigences et de la qualité de l’enseignement, qui pénaliserait l’ensemble des élèves de Guyane dans leur devenir social.
Cayenne, le 16 mars 2008