Paru dans Alterpresse

Historiquement, l’État capitaliste se porte garant de l’exploitation et de la dépossession des travailleuses et travailleurs du fruit de leur travail, au profit des patrons. Mais, ce processus ne se fait pas de manière identique, dans toutes les sociétés. Le niveau d’acuité de l’exploitation et de la dépossession varie d’une société à une autre.

Dans le cas de la société haïtienne, ce processus semble arriver à une nouvelle dimension, depuis les dix dernières années. L’État s’acharne contre les travailleuses et travailleurs, et leurs syndicats, dans les différentes branches de l’économie. Pour garantir le profit des patrons, il mobilise tout son appareil répressif pour les réduire au silence. L’objectif consiste à permettre au patronat d’accumuler des profits, pendant que l’État s’assure que règne un silence de cimetière.

Depuis la réouverture des classes, le 3 août 2020, après la levée des mesures officielles de confinement, les syndicats des travailleuses et travailleurs du milieu scolaire revendiquent de meilleures conditions de travail et le paiement de plusieurs mois d’arriérés de traitements.

La réponse de l’État ne se fait pas attendre. Les syndicalistes sont traquées et traqués de toutes parts. Les membres, dirigeantes et dirigeants, sont arbitrairement renvoyés ou contraints à travailler dans des districts scolaires, éloignés de leurs lieux de résidence. D’autres sont à la fois poursuivies et poursuivis par la « justice » et menacés de mort par les gangs criminels, à la solde du pouvoir et de l’oligarchie.

C’est le cas, par exemple, des syndicalistes Josué Mérilien, coordonnateur de l’Union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (Unnoh), Rose Magalie Georges de la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (Cneh) et Georges Wilbert Franck de l’Union nationale des normaliennes et normaliens, éducatrices et éducateurs d’Haïti (Unnoeh). Même les manifestations des élèves, réclamant de meilleures conditions d’apprentissage, sont sauvagement réprimées par des forces spécialisées de la police. Le lâche assassinat de l’étudiant Grégory Saint-Hilaire, vendredi soir 2 octobre 2020, au sein même de l’École normale supérieure (Ens) de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), est encore la preuve de l’ensauvagement du pouvoir.

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