À côté des personnes souffrant d’hypertension, de diabète ou qui vivent avec le VIH, les personnes du troisième âge représentent une autre catégorie de gens très à risque par rapport au Covid-19. Leur système immunitaire étant très affaibli avec l’âge. Même ceux qui vivent avec leurs proches ne sont pas épargnés. La situation est beaucoup plus compliquée pour ceux qui vivent dans les maisons de retraite. « Ce qu’on appelle les maisons de retraite en Haïti, ce sont malheureusement des couloirs de la mort », déplore le gériatre Jean-Claude Desgranges. Le médecin dénonce l’absence d’infrastructures nécessaires pour la prise en charge effective des personnes du troisième âge. Nous avons un problème intergénérationnel, note Jean-Claude Desgranges. « Au sein des familles, nous ne donnons pas à nos aînés ce qu’ils méritent. L’État ne dispose pas d’un programme de sécurité sociale pour cette catégorie de citoyens », détaille-t-il.
Ces gens devraient bénéficier d’un accompagnement de l’Etat, exige le gériatre qui intervenait mardi sur Magik 9. La CAS, a-t-il souligné au passage, n’est pas la sécurité sociale. Ce qu’il faut, ajoute M. Desgranges c’est un système de sécurité sociale pouvant permettre à ces citoyens de bénéficier non seulement d’une prise en charge médicale mais aussi d’une prise en charge financière et sociale.
Le Dr Desgranges prévoit que le confinement sera beaucoup plus grave pour les personnes âgées qui dans certains cas, vivent seules. « Elles n’ont personne pour leur venir en aide. L’isolement tue, rappelle-t-il. Le médecin critique les dirigeants qui n’ont jamais mis en place une politique publique en faveur les personnes du troisième âge, qui, selon lui, commence à partir de 55 ans en Haïti. « Nous n’investissons pas dans le capital humain. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, nous n’avons aucune infrastructure nous permettant de répondre adéquatement au Covid-19 », assène le président de la Fondation du Troisième âge qui interpelle le pays, les dirigeants du pays et toutes ses élites.
Sensible par rapport à la situation des médecins qui constituent la première ligne de défense du coronavirus, le Dr Jean-Claude Desgranges appelle les autorités à leur fournir matériel et équipements nécessaires. « Nous sommes en guerre contre le virus. Il faut donner les moyens à »nos soldats » que sont les médecins », conseille-t-il tout en déplorant le choix des autorités qui tenaient mordicus à organiser le carnaval en février dernier alors que les menaces d’introduction du coronavirus en Haïti étaient déjà imminentes. « Nous aurions pu prendre l’argent du carnaval pour construire des hôpitaux de campagne », pense-t-il.
Sur les sept cas de coronavirus confirmés jusqu’au mardi 24 mars, trois ont entre 45 et 84 ans, selon les données du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP).