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Après le séisme du 12 janvier 2010, le Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural à élaboré le Plan d’investissement Nationale Agricole. Ce plan est le résultat du travail de synergie entre le Ministère et un ensemble de partenaires représentatifs du secteur agricole haïtien. Ce Plan représente une contribution importante à la mise en œuvre des grands chantiers définis par le Gouvernement dans le Plan d’Action pour le relèvement et le développement d’Haïti. Aujourd’hui nous publions un résumé du chapitre concernant l’aquaculture.
Développer l’aquaculture en Haïtí
Haiti dispose d’un important potentiel de développement de l’aquaculture et de la pêche en lac. Après Cuba, Haiti est le pays des Caraïbes qui possède le plus de ressources en eaux intérieures. La moitié de ces ressources est constituée de lacs d’eau douce couvrant une superficie totale de 11 000 ha. L’autre moitié correspond à des lacs d’eau saumâtre, indépendants de la mer, pour une superficie totale équivalente.
Pour développer l’aquaculture, le MARNDR a adopté un plan qui prévoir entre autre :
· d’appuyer la production d’alevins pour l’ensemencement des lacs et l’élevage en bassins
· de continuer le programme de construction de lacs collinaires dans tout le pays partout où c’est possible.
Les lacs haïtiens sont peuplés de poissons, c’est le cas du lac Azuei, de celui de Péligre, des étangs de Bois Neuf, Miragoâne, Laborde, Bosye, Poissette et de nombreux autres encore. Plus de 3 000 familles vivent au bord de ces lacs. Ces familles pratiquent la pêche et l’élevage de poissons et d’autres espèces comme les crevettes. On parle alors d’aquaculture. Haiti possède plus de 50 000 ha de terres sans potentiel agricole qui pourraient être valorisés pas l’aquaculture. A ce jour, seulement 1,5 ha ont été aménagé pour l’aquaculture. L’élevage de poissons est un outil important pour le développement économique du pays.
Le pays a besoin de poissons. La population apprécie le poisson, source importante de protéines essentielles pour la santé, mais les haïtiens ne mangent pas une quantité suffisante de poisson (3,8 kg par personne et par an seulement). A ce jour, la production nationale est très faible avec seulement 900 tonnes par an et l’essentiel des poissons qui sont consommés est importé.
Le Ministère a pour responsabilité d’encadrer toutes les personnes qui souhaiteraient se lancer dans l’élevage de poissons et de promouvoir le développement des secteurs de l’aquaculture et de la pêche dans les lacs et étangs du pays. Le gouvernement et un ensemble d’institutions réalisent des efforts conjoints pour appuyer ces activités. En 2009, le Ministère a invité diverses ONG, l’Université d’Etat, les associations de pêcheurs et plusieurs entrepreneurs du secteur privé à réfléchir ensemble à un plan national de développement du secteur. Au mois de juin 2009, ce plan était prêt. Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ce plan a encore été précisé de manière à intégrer l’aquaculture comme un des éléments de la reconstruction et du développement du pays.
Dans ce plan, le Ministère a pour objectif de faire passer la production aquacole de 900 tonnes à 6000 tonnes par an dans les 5 prochaines années.
La situation au niveau des lacs
Comme les familles rurales vivant en bord de mer, les paysans des rives des lacs connaissent une grande pauvreté.
Pour que la production de poissons s’améliore, il est nécessaire d’ensemencer les lacs avec de grandes quantités de petits poissons appelés alevins. Sans cet apport d’alevins, la quantité de poissons pêchés restera faible. En Haiti, peu d’entreprises sont capables de produire des alevins. A l’ODVA à Pont-Sondé, le Ministère dispose d’un centre appelé écloserie qui assure la production d’alevins. Ce centre bénéficie d’un appui de la Coopération cubaine et produit chaque année 3 millions d’alevins pour les mettre dans les lacs ou fournir les personnes possédant des bassins d’élevage de poissons. Il existe également quelques collaborations avec une entreprise privée produisant des alevins mais seulement à raison de 500 000 par an. Ces quantités d’alevins produites par l’Etat ou le secteur privé restent très insuffisantes car les besoins dépassent largement les 3,5 millions et situeraient plutôt au niveau de 200 millions par an.
A cette contrainte s’ajoute le problème de l’équipement des familles vivant sur le bord des lacs. Ces familles ne disposent pas du matériel nécessaire pour pécher, naviguer ou encore vendre le poisson. C’est la raison de la mauvaise gestion actuelle des lacs qui conduit à une surexploitation des ressources naturelles. Les pêcheurs pêchent tous les poissons disponibles y compris les petits sans leur laisser le temps de grandir et sans permettre le renouvellement des stocks.
Les pêcheurs ont également des problèmes de conservation de leur pêche. Ils ne disposent pas de structures de stockage et le poisson se dégrade rapidement. A cause de cette mauvaise conservation, les prix de vente sont faibles. Les pêcheurs et leur famille restent donc très pauvres alors que la pêche pourrait être une source importante de revenus.
Solution
La solution qui est proposée dans le plan national pour le développement de l’aquaculture et de la pêche résulte de nombreux débats et réflexions de tous les acteurs publics et privés. Les actions du plan ont déjà débuté dans plusieurs zones avec de premiers résultats.
Le plan prévoit :
· d’appuyer la production d’alevins pour l’ensemencement des lacs et l’élevage en bassins. Le plan prévoit ainsi l’augmentation des capacités de production du centre de Pont-Sondé.
· d’encourager la construction d’autres centres de production d’alevins dans le pays et la mise en place de coopératives de manière à augmenter les volumes pêchés ainsi que la taille des poissons sans détruire les stocks des lacs et étangs. Le Ministère a déjà réhabilité 6 mini centres de production d’alevins dans plusieurs zones du pays, centres qui seront gérés par le secteur privé ou des associations.
· d’améliorer le mode de nutrition des poissons d’élevage pour augmenter la production en bassins. La nourriture doit pouvoir être préparée avec des produits locaux. Comme pour l’élevage de volaille ou de porcs, la nutrition des poissons est un élément essentiel.
· de continuer le programme de construction de lacs collinaires dans tout le pays partout où c’est possible. Cette dernière année, le gouvernement avait déjà construit plus de 70 lacs. Dans le cadre du programme de reconstruction, 200 nouveaux lacs doivent être construits sur les 3 prochaines années. Grâce à ces lacs, les éleveurs de poissons vont pouvoir alimenter en eau leurs bassins d’élevage.
Investissements privés
L’élevage et le commerce de poissons peut devenir une activité rentable pour l’investissement privé. Pour cela, il est nécessaire de développer le stockage et la transformation des poissons. L’Etat prévoit d’appuyer les investisseurs privés en leur assurant un accès au crédit et des avantages fiscaux.
Ce travail de développement de l’activité doit être réalisé en concertation avec tous les acteurs, les autorités locales et les organisations de producteurs.
L’Etat et l’Université vont développer la recherche dans ce domaine pour récolter des informations et développer des solutions techniques adaptées à la réalité du pays.
La formation et l’accès au crédit pour l’achat de matériel sont au centre du programme pour l’amélioration des conditions de pratique de l’élevage de poissons et de la pêche en lac.