Depuis que Georges Anglade, au milieu des années 70, a mis noir sur blanc dans un manuel scolaire, « L’Espace haïtien », que « Haïti est un pays sous-développé et dépendant » et que le comédien Alcibiade eut à dire, quelques années plus tard, dans sa fameuse émission dominicale, que « tous les pays du monde se développent mais seul Haïti s’enveloppe », rien n’a changé dans notre situation.
Cela fait plus de quarante ans que le diagnostic ancien, connu de quelques initiés, est devenu une vérité connue de tous. Et depuis, nous courons après l’aide. À chaque crise. Et même sans crise. Derrière toutes les aides, dans tous les secteurs.
Toute aide vient au minimum après une lettre de demande, une photo, une lettre de remerciements ou des conditions inavouables publiquement.
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Haïti, pays plus pauvre que les Haïtiens ne veulent le croire, est un habitué des demandes et des dons.
Les responsables publics, dès qu’ils prennent fonction, s’ajustent. Acceptent de jouer le jeu. Rares sont ceux qui s’y refusent.
Les anciens responsables qui fanfaronnent, et expliquent qu’ils avaient refusé telle ou telle offre, le font après avoir laissé leurs fonctions. Jamais pendant.
Nos chefs boivent le vin, la lie et souvent emportent le calice de l’aide.
Restent les photos. Preuves minimum et indispensables pour les donateurs qui eux aussi doivent rendre compte de leurs actions auprès des bailleurs. L’aide est une chaîne. Dans tous les sens du mot.
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