L’organisation haïtienne qui milite pour le droit des LGBTIQ, "Kouraj", se dit consternée devant la montée de la violence vis-à-vis des hommes et femmes homosexuels dans le pays. Dans un rapport publié le 8 août sur ces 3 dernières années, Charlot Jeudy dit avoir répertorié un nombre de 21 cas de violences sur des personnes LGBTIQ dont un cas d’assassinat. 

Le débat houleux sur le respect des droits des personnes homosexuelles prend de plus en plus d’ampleur dans la société haïtienne. Charlot Jeudy, homosexuel très réputé dans le milieu, explique que si la situation des LGBTIQ ne fait que progresser dans certains endroits dans le monde, en Haïti l’évolution se fait à double sens. D’une part, avance-t-il, « les transsexuels et homosexuels prennent le courage de s’affirmer, ce qui implique que la question de l’orientation sexuelle prend plus de place dans les débats publics et que des universitaires manifestent le désir d’effectuer de plus en plus leur travail de recherche sur la problématique de la reconnaissance des droits des personnes LGBTIQ ».

Le jeune homosexuel de 35 ans poursuit pour dire que « d’un autre côté, l’hostilité contre les LGBTIQ s’amplifie avec la montée du protestantisme ayant des discours anti-LGBTIQ prétendant que c’est une pratique importée de l’étranger et que c’est une abomination ». Cette orientation sexuelle est selon Charlot Jeudy, perçue comme de la perversion et donne l’occasion à certains politiciens d’accaparer ces discours pour augmenter leur capital politique et s’affirmer comme étant contre cette pratique puisqu’en Haïti, c’est moral d’être homophobe. Et dès lors, bonjour les violences.

 

 

 

D’après le président de l’organisation Kouraj, ces politiciens homophobes dont la plupart sont des parlementaires, ne font que l’inverse de leurs prérogatives. « Alors qu’ils devraient créer des lois pour protéger les droits de tous les citoyens sans exception, ces politiciens passent outre de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, de notre Constitution, des observations du comité de l’ONU, des recommandations qui ont été faites à Haïti lors du dernier Examen Périodique Universel mais surtout celle faite par la République colombienne et qu’Haïti a signée sur l’identité de genre » déplore-t-il.

21 cas de violations de droits recensés

L’association Kouraj, dans un rapport produit sur les trois dernières années, a recensé 21 cas de violences contre des personnes LGBTIQ. Cela concerne 13 hommes et une (1) femme âgés entre 27 à 42 ans. 14 d’entre ces cas, soit 66%, ont eu lieu entre 2016 et 2018 et la totalité des victimes affirme avoir été agressée par des homophobes. La plupart d’entre les agresseurs soulignés dans le rapport sont des membres de la famille (tante, mère, frère etc).

Le rapport précise : « Certains sont agressés à la découverte de leur homosexualité. Deux d’entre eux disent l’avoir été pour s’être fait prendre en photo pour le Festival MasiMadi. Trois ont déclaré avoir reçu des menaces de mort. D’autres ont déclaré […] que leurs proches leur ont menacé de les brûler vif. Cinq (5) disent avoir reçu des coups et blessures, déclarations sont confirmés par des certificats médicaux […]».

Le rapport mentionne aussi « un cas d’assassinats ».

Face à ces violations de droit, l’association Kouraj dit espérer vivement que: l’Etat prendra en compte les recommandations des homosexuels ; la société respectera les provisions légales ; la société va promouvoir le débat sur la tolérance et les différents acteurs seront sensibilisés sur la question du vivre ensemble.