La Plate-forme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH) a rendu public, jeudi, le rapport d’une enquête réalisée, dans le département de l’Artibonite, sur la situation des droits humains.

L’enquête a été réalisée à travers les quinze communes du département et prend en compte : le droit à la vie, la liberté individuelle, les garanties judiciaires, le droit à l’identification, celui des mandants de choisir leurs représentants. Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la plateforme, a déclaré reconnaître les efforts consentis par certains gouvernements pour doter le pays d’un système législatif répondant à la protection des droits humains. « Par ailleurs, nous avons constaté qu’au niveau de leur application, la réalité est tout autre », a-t-il déploré, soulignant que, dans certaines régions du pays, ces droits ne sont presque ou pas respectés et sont très peu connus. Et dans le département de l’Artibonite, les normes sont carrément foulées au pied, a-t-il soutenu.

Le rapport relève des dysfonctionnements au niveau notamment des tribunaux, des bureaux d’État civil, des commissariats de police. « Certaines de ces institutions sont sous-équipées. Elles ne disposent ni de matériels adéquats ni de personnels suffisants pour assurer leur fonctionnement », a souligné Antonal Mortimé, ajoutant que les coûts des services à offrir aux justiciables sont fixés, des fois exagérément, au gré de certains magistrats et officiers d’État civil.

Quant aux droits socio-économiques et culturels, la situation est alarmante souligne la POHDH, citant les droits à la santé, à l’éducation, au logement à l’alimentation, au loisir. Ces droits sont inaccessibles à la grande majorité des gens. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « Sur une population de 1 358 214, il n’y a que 183 médecins, ce qui donne un effectif de deux médecins pour 10 000 habitants au cours de l’année 2005. Sur 188 établissements sanitaires, 117 sont contrôlés par le secteur privé et le reste ne répond pas aux normes d’hygiène. Sur 1 476 écoles, seulement 178 sont à la charge de l’État, soit 12 % ».
De la non-jouissance de ces droits et d’autres, plusieurs conséquences découlent : l’exode rural, la domesticité infantile, la migration, la violence sous toutes ses formes, le kidnapping.

Pour sa part, Jocelyne Colas, secrétaire générale du POHDH, a attiré l’attention sur la grave crise alimentaire que connaissent les habitants de l’Artibonite à cause des dégâts occasionnés, l’année dernière, par le passage des ouragans et tempêtes tropicales. « Bon nombre de familles ont perdu leurs maisons et tout ce qu’elles possédaient en termes de biens et vivent jusqu’à présent dans la précarité », a-t-elle noté. La situation de l’environnement est également alarmante. « La vulnérabilité environnementale de ce département devient de plus en plus dramatique du fait qu’aucune mesure de prévention n’est prise pour empêcher ou pour atténuer les effets des catastrophes naturelles ou provoquées », peut-on lire dans le rapport.

Des recommandations aux responsables
En conclusion, plusieurs conseils sont adressés aux autorités du pays : mettre en œuvre un plan de développement à long terme qui réponde aux besoins fondamentaux, économiques et sociaux des habitants de l’Artibonite ; faire de la protection de l’environnement une priorité dans le département; créer d’autres institutions publiques sanitaires et scolaires ; redynamiser les institutions de services sociaux inopérantes ; envisager des stratégies afin de réduire la domesticité infantile.

Au ministère de la Justice et de la Sécurité publique, la Plate-forme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH) recommande de rendre efficient le service d’inspection des tribunaux pour s’assurer du bien-fondé et du respect des décisions de justice ; de doter les tribunaux d’agents de police afin de leur permettre de travailler dans un environnement sécuritaire.

Par Jean Panel Fanfan
vendredi 31 juillet 2009