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Haïti : La sécurité, « le plus grand défi », selon l’International Crisis Group
Seulement « une petite fenêtre d’opportunité » pour rétablir l’autorité de l’État

31 octobre 2006

P-au-P., 31 oct. 06 [AlterPresse] — L’International Crisis Group, un « think tank » en matière de sécurité internationale, estime, dans un nouveau rapport publié ce 30 octobre sur Haïti, que la sécurité demeure le plus grand défi dans la société haïtienne et que le nouveau président (René Préval) a seulement « une petite fenêtre d’opportunité » de rétablir l’autorité de l’État.

Le dernier rapport de l’International Crisis Group, consulté par AlterPresse, examine les défis de sécurité auxquels l’administration Préval doit faire face. Le document aborde la question des gangs, le trafic de drogue, les kidnappings et la corruption au sein de la police.

L’administration Préval doit simultanément traiter la question de la violence et lancer des projets d’infrastructure et de développement pour combattre la pauvreté extrême et susciter la confiance de la part de la population, indique le rapport.

« Haïti fera un pas seulement quand les citoyens sentiront une restauration de l’autorité de l’État et du règne de la loi au niveau de la vie quotidienne », déclare Mark Schneider, vice-président de l’International Crisis Group. « Cela exige un nettoyage au sein de la police, l’élimination de la perception de l’État en tant que source d’enrichissement personnel et la création de perspectives pour les pauvres ».

Le rapport rappelle que la force publique de sécurité représente autant une source de problème que la solution. Les réformes entreprises depuis la chute de la dictature des Duvalier en 1986 ont échoué les unes après les autres, jusqu’à ce cycle de violence et d’impunité qui s’est poursuivi après la chute de l’ex président Jean Bertrand Aristide, en février 2004.

Tel est l’héritage laissé à l’administration Préval et la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH), précise le document.

Dans son état actuel, la police haïtienne, mal équipée, incompétente et corrompue, ne peut faire face au trafic de drogue, d’armes et des êtres humains à travers « les ports poreux » et la frontière haitiano-dominicaine, souligne le rapport.

L’International Crisis Group recommande des dispositions telles que la formation et le recyclage d’officiers de police ainsi que de nouveaux juges. Le groupe suggère également de renforcer la sécurité des ports et des postes frontaliers et d’imposer « vigoureusement » aux gangs la récente initiative de Désarmement, Démobilisation et Réintégration.

« Toutes ces mesures doivent être formellement annoncées et mises immédiatement en application de manière transparente et contrôlée », insiste l’International Crisis Group.

Pour sa part, la communauté internationale devrait renforcer la police des Nations Unies avec plus de spécialistes en sécurité et en opérations anti-gang (…) et mettre en œuvre des travaux d’infrastructures très visibles, recommande encore le document.

Le 11 mai dernier, 72 heures avant la prise de fonction de René Préval, l’International Crisis Group avait publié un rapport mettant l’accent sur les « défis des 100 premiers jours » du président élu.

Le groupe anglo-saxon, avait estimé que « le succès inattendu des dernières élections et la victoire de René Préval ont donné à Haiti une chance de mettre les années d’instabilité, de violence et de déclin économique derrière elle ». [gp apr 31/10/2006 00:30]