Le 14 mars dernier, Vladjimir Legagneur est sorti de chez lui tôt dans la matinée pour aller faire un reportage à Martissant, l’un des quartiers les plus défavorisés de Port-au-Prince. Il n’est jamais rentré chez lui. Un an a passé et rien ne permet d’attester qu’une enquête est effectivement en cours pour déterminer ce qui est arrivé au photojournaliste.

Opérations menées contre les gangs, saisies d’armes ou de drogues des seuls derniers jours : remontant à mars 2018, la disparition de Vladjimir Legagneur n’est plus, depuis longtemps, un point à l’ordre du jour des conférences de presse mensuelles de la police nationale d’Haïti (PNH). Faute d’avoir la moindre information, le porte-parole de la PNH a botté en touche en indiquant mercredi 13 mars que le dossier était entre les mains de la justice.

« Jusqu’à présent, il est porté disparu. Dès que cette information avait été connue, la police avait aussitôt déclenché une enquête et le dossier a été acheminé devant les autorités judiciaires », a simplement expliqué Michel-Ange Louis Jeune. Quant à l’avancée de l’enquête et de l’instruction qui en découle, le commissaire a confirmé qu’aucun supplément d’information n’a été demandé par le juge à la police judiciaire.

Il avait fallu deux semaines après la disparition du photojournaliste haïtien pour que la police mène une opération sur un terrain vague de Grand-Ravine. Dans cette zone du quartier très pauvre de Martissant, en proie aux affrontements entre gangs, des ossements avaient été récupérés ainsi qu’un chapeau, identifié par la femme de Vladjimir Legagneur comme étant celui du journaliste. Mais depuis, aucune nouvelle des tests annoncés par la police.

« Pourquoi un test ADN prendrait tout ce temps ? C’est quelque chose qui peut être fait en deux ou trois jours », questionne Jeanty Junior Augustin, ami de Vladjimir et également photojournaliste. « La DCPJ (direction centrale de la police judiciaire, NDLR) a peut-être les résultats mais ne veut pas les donner parce que, si ça correspond au corps qu’ils ont retrouvé, que vont-ils faire pour donner une suite à la famille de Vladjimir ? Et si ça n’est pas le résultat attendu, alors ils devront encore chercher, et aussi du coup chercher à qui appartient ce corps », considère-t-il.

Au-delà de ses proches et de sa famille, le silence des autorités policières et judiciaires préoccupe également les organisations des professionnels des médias. « Ni la police ni la justice ne sont en mesure d’apporter des éléments d’information. Un an après, c’est absolument inquiétant », affirme Jacques Desrosiers, secrétaire général de l’Association des journalistes haïtiens (AJH).


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