Paru dans le regard du CETRI

La Confédération des travailleurs haïtiens et la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé réaffirment leur ancrage dans le mouvement social haïtien et porte le projet d’une « transition de rupture », avec le soutien d’une campagne de solidarité internationale.

Le 7 février 2023 marquait le trente-septième anniversaire de la chute de la dictature duvaliériste (1957-1986) et la deuxième année sans un gouvernement légal en Haïti. L’ex-président Jovenel Moïse, son mandat terminé, avait refusé de quitter le pouvoir, prétendant gouverner un an de plus, le temps d’organiser des élections et un référendum sur la Constitution. Il fut assassiné le 7 juillet 2021, et, depuis, c’est le premier ministre, Ariel Henry, qui gouverne ou qui fait semblant de gouverner le pays. À l’heure actuelle, des communes jusqu’au sommet de l’État, il n’y a plus un seul élu en Haïti.

Le panorama dressé en janvier par le dernier rapport des Nations unies est apocalyptique : l’inflation explose, l’insécurité alimentaire s’accroit, le choléra s’étend et l’impunité règne. Quant à la violence liée aux bandes organisées, elle a atteint des proportions jamais vues « depuis des décennies » : les homicides et enlèvements ont augmenté, respectivement, de plus de 35% et 100% entre 2021 et 2022, et les viols (systématiques) demeurent « une arme stratégique pour terroriser les populations ».

À suivre les informations, à lire les rapports, à écouter les humanitaires, c’est le pays tout entier qui semble s’effondrer ces quatre dernières années. Les termes de « gouffre  » et de « chaos  » sont d’ailleurs souvent revenus dans les propos des Haïtiens et Haïtiennes intervenant lors de la rencontre syndicale internationale, tenue à Ouanaminthe, sur la frontière dominico-haïtienne, les 25 et 26 janvier 2023.

Mais, à l’encontre du discours médiatique et diplomatique international, teinté de néocolonialisme et complaisamment fataliste, toutes et tous insistaient sur le caractère fabriqué et organisé de ce chaos, voire sur sa dimension « fonctionnelle  ». Et sur la part de responsabilité de la communauté internationale dans l’apparition et l’aggravation de la crise actuelle.

À l’initiative de la Confédération des travailleurs haïtiens (CTH) et de la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé (CTSP), toutes deux affiliées à la Confédération syndicale internationale (CSI), la rencontre avait un double objectif : (re)lancer une campagne de solidarité internationale avec Haïti, sur base des analyses et revendications des organisations haïtiennes, en général, et de la « feuille de route » de la CTH et CTSP, en particulier, et réaffirmer l’ancrage des syndicats dans le mouvement social haïtien, ainsi que dans le projet porté par celui-ci : une « transition de rupture ».

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