Sur fond d’effervescence Tech et de multiplication des événements dédiés en 2018, l’incubateur Alpha Haïti a été lancé début juin. Le premier jalon d’une série de mesures destinées à faire du numérique une priorité dans la stratégie présidentielle de développement du pays.
FinTech Haïti, Haïti Tech Summit, Haïti Numérique 2030, Port-Au-Prince Startup Week, Salon numérique… Une fièvre numérique semble s’être emparée d’Haïti. Si cette tendance a été amorcée il y a quelques années, le président haïtien, Jovenel Moïse, a affirmé sa détermination à faire du pays la porte d’entrée du numérique dans les Caraïbes.
Temps fort de cette dynamique : le lancement début juin de l’incubateur Alpha Haïti, qui ambitionne d’épauler la prochaine génération d’entrepreneurs Tech et de devenir le leader caribéen en matière de création de start-up. Porté par le ministère de l’Economie et des finances, financé par la Banque de la République d’Haïti et placé sous le haut patronage du Premier ministre et de la Présidence de la République, ce projet « devrait bénéficier dans les prochains mois de l’aide technique et financière de nouveaux partenaires afin d’optimiser son impact », précise Jean-Jacques Rousseau, conseiller technique en Innovation, science et compétitivité à la Présidence.
Promesse tenue
Lors de sa campagne, Jovenel Moïse s’était engagé à concrétiser la promesse du gouvernement antérieur d’un incubateur d’innovation technologique afin de « favoriser un environnement propice à la création de jeunes entreprises qui assurent la promotion et mettent en valeur la technologie à des fins commerciales ». Promesse tenue. Un concours en ligne a été lancé le 11 juin pour sélectionner les premiers candidats, qui seront connus début septembre – l’objectif étant qu’ils soient une centaine chaque année d’ici 2020 et qu’un millier de personnes assistent chaque mois aux événements organisés sur place (conférences, ateliers, activités culturelles). Lab de prototypage rapide, bureaux privés et espaces de coworking, financement de démarrage, gestion administrative… Pendant six à neuf mois, les entrepreneurs Tech bénéficieront des services et de l’encadrement nécessaires pour amorcer leur activité.
Réponse institutionnelle en gestation
En offrant un écosystème favorable aux jeunes entrepreneurs, l’objectif d’Alpha Haïti est bien de favoriser l’emploi dans un pays touché par un chômage endémique dépassant les 60 % de la population. C’est aussi le préambule à la création d’un fonds d’innovation dédié au co-investissement afin d’inciter les acteurs privés à soutenir le secteur numérique, comme l’a annoncé Jovenel Moïse le 3 juin dernier. Côté institutionnel, à défaut de ministère des TIC, une réflexion est en cours concernant la meilleure réponse à apporter à cette ambition présidentielle. À en croire Jean-Jacques Rousseau, le pays pourrait bien s’acheminer vers la création d’une Agence nationale du numérique, disposant d’un mandat et d’un budget bien définis.
Le 22 juin dernier, dans son allocution prononcée à l’occasion de la deuxième édition de Haïti Tech Summit, le Chef de l’Etat a annoncé la mise en place imminente d’une « task force » pour étudier les conditions du déploiement du premier parc technologique national. Poursuivant sur la lancée d’Alpha Haïti, il s’agira de valoriser les idées et projets innovants conçus dans le cadre de l’incubateur et de contribuer au développement d’un secteur d’activités particulièrement dynamique à l’échelle mondiale « en tirant avantage de l’expérience des Haïtiens diplômés des meilleures universités mondiales », dont il entend bien drainer les compétences.