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Et puis, d’un coup, sans mot d’ordre, les feux se sont éteints. « C’est la trêve de Noël », assurent les Haïtiens. Sauf pour les gangs qui barrent certaines voies. Alors, la ville est bloquée par des embouteillages. Et chacun redoute une reprise du « peyi lok » pour le début de l’année. En bas de la ville, le boulevard Jean-Jacques-Dessalines, large et rectiligne, est bordé d’anciennes maisons blanches. Elles tombent toutes en ruines depuis le séisme d’il y a dix ans. On roule sur les tas d’ordures. Le bitume est bleu de plastique, la fumée des ordures qui brûlent prend à la gorge. On évite la foule qui se presse autour des étals de rues. Soudain, à la hauteur du quartier Pont-Rouge, l’avenue devient déserte, gardée par un gang montrant la force de ses fusils. Dans le bleu et la brume, le bas de Port-au-Prince pourrait ressembler à la fin du monde.
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