Du Chili au Liban, en passant par l’Irak, l’Algérie et d’autres, se lève un vent anticorruption. Comparé aux autres, Haïti cumule plusieurs handicaps : pas de matières premières, pas d’argent dans les caisses de l’Etat, pas de système fiscal efficace… Mais la même corruption.


En Haïti, les juges ne sont protégés de rien. Par peur ou par habitude, ils s’en prennent rarement aux puissants. Les voleurs de mangues peuvent croupir des mois en prison faute d’instruction, les dealers n’y traînent pas longtemps, l’instruction des gros poissons s’enraie dès les premiers interrogatoires. Les deux rapports 2019 de la Cour des comptes n’en sont que plus inattendus et méritoires. Ils rapportent. Utilement. Mais ne jugent pas.

 

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Non-intervention dans les affaires internes d’un pays souverain ? Un principe combien de fois bafoué depuis la première élection vraiment honnête de l’histoire d’Haïti, en 1990 ? Coup d’Etat soutenu par les Etats-Unis en 1991, récidive franco états-unienne en 2004, installation dans la foulée d’un exécutif docile, et d’une force «stabilisatrice» de l’ONU, modification du classement des candidats après le premier tour des présidentielles de 2011. Sans compter toutes les missions destinées à renforcer la justice (qui existe si peu) et l’état de droit, dont les conclusions remplissent les archives. Manque un audit de toutes les missions et coopérations, depuis quarante ans, dont on cherche en vain les traces dans les institutions ou sur le terrain ? Où sont passés les flux ininterrompus de conseils aux institutions et de projets financés sur papier, mais moins sur terrain. Pourquoi jamais, ou presque, de vérification ?

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