Des femmes marchent pour le respect de leur droit au logement
Plusieurs centaines de femmes provenant d’une vingtaine de camps d’hébergement et d’organisations de base de la zone métropolitaine ont marché, le 3 avril 2013, dans les rues de Port-au-Prince à l’occasion de la Journée Nationale des Femmes Haïtiennes. Elles entendaient à travers cette marche, dénoncer leurs mauvaises conditions d’existence dans les camps d’hébergement.
Portant des chapeaux de paille traditionnels, brandissant pancartes et banderoles, les femmes mobilisées exprimaient leur ras le bol tout au long de la marche.
«Aba ekspilsyon fòse ! ( Non aux expulsions forcées), Aba politik met dife nan kan yo, (Non à la politique d’incendie dans les sites d’hébergement) Bon jan kredi lojman pou fanm deplase yo, (Oui pour un programme de crédit au logement pour les femmes déplacées, Aba vyolans fanm yo ap sibi nan kan yo, (Non à la violence dont sont victimes les femmes dans les camp» . Autant de slogans lancés à gorge déployée par les participantes.
Les manifestantes animées par la troupe Vodoula, sur un rythme rara, entament l’itinéraire depuis la rue Christ-Roi, vers l’Avenue John Brown (Lalue) à destination du Champs-de-Mars, sur la Place de la Constitution.
Des riveraines et riverains curieux, s’étaient mis-es à chanter et danser debout sur le seuil de leur maison, en faisant des signes de solidarité en direction des marcheuses et marcheurs. D’autres, attirés-es par le rythme musical se sont mélangés à la foule qui continuait son chemin jusqu’au siège social de l’organisme féministe Solidarité des femmes Haïtiennes (Sofa) qui célèbre en 2013, ses 27 ans de luttes en faveur du respect des droits des femmes.
Ces participantes enthousiastes, profitaient de l’occasion pour faire passer leurs revendications à travers des chansons improvisées.
Arrivées devant le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme, les marcheuses observent un arrêt pour adresser des messages à l’endroit des responsables de cette institution et leur remettre une lettre de revendications.
Dans cette lettre, les initiatrices du mouvement exhortent la ministre Yanick Mézile à travailler pour que les femmes déplacées notamment les cheffes de famille puissent bénéficier de crédit et de terrain de l’Etat haïtien en vue de construire des logements décents.
« Dans le programme de logements en construction annoncé par le gouvernement, nous demandons à la Ministre à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme, à mettre tout en œuvre pour qu’une bonne partie de ces maisons soit réservée aux femmes déplacées cheffes de famille.», recommande Marie-Hélène, une déplacée du camp Kid, à Christ-Roi.
Cette lettre de revendications a été également soumise au ministre des Affaires Sociales en cette même occasion.
Marieuse du Camp Mega 4, de Caradeux, au Nord de la capitale indique que les multiples cas de violences dont sont victimes les femmes dans les camps sont étroitement liés au problème de logement. Elle dénonce entre autres, les expulsions forcées et les incendies perpétrés dans plusieurs camps et qui affectent en majorité les femmes cheffes de famille.
Elle en a profité pour rappeler que le programme 16 /6 mis en place par le gouvernement est limité parce que selon elle, plusieurs camps hébergés sur les terrains privés ne sont pas pris en compte dans le cadre de ce projet.
« Nous réalisons que le programme 16/6 a exclu bon nombre de sites d’hébergement. Pourtant les tentes sous lesquelles nous vivons sont délabrées et les propriétaires nous forcent à quitter l’espace où nous sommes logés.», déclare t-elle en exigeant du gouvernement une prise de position publique contre les expulsions forcées.
Organisée autour du thème : "Dans la lutte pour le droit au logement, les femmes sont concernées", cette marche a été retardée à plusieurs reprises par la Police qui exigeait des initiatrices une lettre d’autorisation. Pourtant une lettre annonçant la marche avait été remise formellement aux responsables de la Police Nationale d’Haïti (DDO). Aucun accusé de réception n’avait été délivré par les autorités policières à ce moment-là en dépit de l’insistance du Comité organisateur.
Au terme de cette marche de trois (3) heures, la titulaire du Ministère à la Condition Féminine a proposé une rencontre aux représentantes des femmes déplacées pour le lendemain 4 avril 2013.