“Peyi lok” depuis dix semaines. Plus d’essence. On pille, on attaque le Sénat. Dix semaines sans école, sans administration, sans importation de nourriture, de médicaments ou d’aide humanitaire. Dix semaines d’une crise supplémentaire.
“Haïti? Ça va, on connaît! Y a eu un gros séisme en je-ne-sais-plus-quelle-année, ils sont pauvres et il fait chaud. Pourquoi? Ça bouge? Non, ça ne bouge pas non”.
Plus personne ne veut entendre parler d’Haïti, et surtout pas nos médias. En parler eux-mêmes? Encore pire. L’AFP fait pourtant son travail, elle envoie des dépêches à tous les bureaux de presse de nos grands informateurs. Depuis deux mois, ces dépêches disent “Crise sociale”, “Morts”, “Blocages”, “Manifestations”, “Urgence humanitaire”, “Faim” mais rien ne suffit parce qu’ “Après tout, c’est Haïti quoi. Et puis on a nos gilets jaunes, chacun sa merde”.
Tout le monde sait que ça va mal en Haïti, pas besoin d’en rajouter une couche, ce serait mauvais pour le moral. Libé a fini par faire une petite chronique, La Croix et Mediapart aussi. RFI, qui est sur place, en parle tous les jours mais l’information ne passe toujours pas : c’est grave, ce qu’il se passe!