Il s’appelle Jean Michel Lapin, était jusqu’ici ministre de la Culture et de la Communication, et le président haïtien Jovenel Moïse l’a nommé hier « Premier ministre ad intérim en attendant le choix d’un nouveau Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement », rapporte le quotidien Le National.
En début de semaine, la Chambre des députés avait destitué Jean-Henry Céant. Sur les 103 députés qui avaient pris part au vote de censure lundi, 93 avaient voté pour le renvoi du Premier ministre, accusé de n’avoir rien fait pour améliorer les conditions de vie en Haïti. Mais Jean-Henry Céant avait « saisi la justice pour contester ce vote de la Chambre basse », rappelle Le Nouvelliste qui s’interroge : « Sa plainte tient-elle encore ? » Après la nomination de Jean Michel Lapin, le chef du gouvernement sortant a en tout cas fini par présenter sa démission.
Ce nouveau revirement dans la vie politique haïtienne suscite bien évidemment des commentaires. « Si le bilan de Jean-Henry Céant est maigre, ce n’est pas pourtant l’envie de faire qui lui manquait », estime Le Nouvelliste. « Il affirmait sa volonté de faire la lumière sur le dossier PetroCaribe, de demander des audits sur des organismes autonomes de l’État, de combattre la contrebande et le gaspillage des ressources publiques dans l’achat, la location de véhicules. Pour Céant, ce sont ces projets qui l’ont fait passer pour la bête noire des alliés du président », souligne le quotidien.
Le départ du Premier ministre et l’arrivée de son remplaçant par intérim s’est fait dans l’apparente indifférence de la population. « Le crash en bout de piste de la machine Céant n’a pas provoqué d’émoi particulier », constate l’éditorialiste du National qui conclut : « Comme si la population avait choisi d’ignorer les destins croisés d’un Premier ministre en déshérence et d’un Parlement dans ses agitations généralement vaines ».