Neuf ans après le passage du séisme meurtrier de 2010, le centre-ville de Port-au-Prince n’est toujours pas en chantier. Les immeubles en ruines, fissurés, délabrés nourrissent encore ce souvenir amer dans l’esprit des gens.

Dans la rue du Magasin de l’État, un jeune homme surveille des marchandises en face d’un dépôt fissuré. Ce dernier, interrogé sur ce qui était le centre-ville de Port-au-Prince peu avant le séisme, rappelle le nombre de magasins qui occupaient cette rue. Il cite leurs noms comme si ces derniers n’avaient pas encore fermé leurs portes ou abandonné le centre-ville.

À Port-au-Prince, un simple coup d’œil montre les traces visibles du séisme qui a laissé la capitale en lambeaux. L’hôtel de ville rappelle que la capitale d’Haïti n’est pas encore au stade de reconstruction. Un peu plus loin, le siège provisoire de la mairie est abandonné et sert de dépotoir aux véhicules endommagés. 

Si certains bâtiments publics dominent l’aire du Champ de Mars, d’autres symboles nationaux, comme le Palais national, le Parlement sont toujours à terre. Les ruines de l’ancien bâtiment du parquet de Port-au-Prince et du Tribunal spécial du travail s’imposent encore à la rue Pavée sont habités par des sans-abri.

Une reconstruction sur le papier

Rien de sérieux n’a été fait pour la reconstruction de la ville, critique Dieulès, qui essaie de joindre les deux bouts avec son carwash. « Le centre-ville n’est plus ce qu’il était. Des piles d’immondices remplacent les magasins », balance-t-il mécontent. « Après le séisme, je croyais que Port-au-Prince prendrait un autre cap. Ce n’est pas le cas », ajoute pour sa part un agent de sécurité. 

Ce séisme de magnitude 7,3, qui a endommagé entre 30 et 65 % des bâtiments érigés à Port-au-Prince, a provoqué la mort de plus de 200 000 personnes et la perte de près de huit milliards de dollars, avait indiqué l’ingénieur-géologue, Claude Prépetit.

Joint par téléphone, le maire de Port-au-Prince, Ralph Youri Chévry, explique que la reconstruction de Port-au-Prince n’existe que sur le papier. « Il n’y a toujours pas de financement pour entamer le processus de reconstruction », affirme le maire. Toutefois, il mise sur le dernier contrat signé par le gouvernement avec l’Union européenne afin de mettre sur pied un programme appelé Urbayiti dans lequel est inscrit le réaménagement du territoire. Pour la construction de l’hôtel de ville, le maire déplore le fait que le fonds disposé à cet effet ait été dépensé à d’autres fins par le pouvoir central. Du coup, il n’y a pas de financement alloué à la reconstruction de la mairie. Par ailleurs, Ralph Youri Chévry se dit conscient du danger que représentent les édifices endommagés depuis le passage du séisme. Il explique que la mairie ne dispose pas de moyens pour procéder à la démolition des bâtiments fissurés.