Pour la première rencontre de la Plateforme Régionale des Producteurs de Café du Plateau Central, quelques 250 caféiculteurs se sont rassemblés à Baptiste (commune de Belladère) avec des invités de marque: Agronome Julien Etienne (coordonateur de l’Institut National du Café d’Haïti), Agronome Esteband Abraham (coordonateur de Coordination Campagne Café), Agronome David Nicolas (coordonateur de l’ICEF), Frito Merisier (président de la coordination Haïtienne du commerce équitable), le deuxième sénateur du bas plateau central Jacques Jean Wilbert et l’équipe technique ICEF/AVSF composée des agronomes: Jocelyn Prophete, Marc André Volcy et Arnaud Finet.

Ce rassemblement s’est tenu sur la ferme agricole de Baptiste. Auparavant, les dirigeants de la Plateforme Régionale des producteurs de café du plateau central ont animé 6 rencontres de producteurs décentralisées dans la zone caféière afin de faire l’inventaire des problèmes que rencontrent les producteurs de la filière caféière. Les participants à ces rencontres (environ 500 producteurs) ont ensuite formulé des propositions pour améliorer le fonctionnement de la filière du café dans le Plateau central.

La rencontre du mercredi 29 août 2007 à Baptiste avait pour objectif de synthétiser l’information analysée de manière décentralisée, de la partager et de la valider. L’élaboration d’un cahier des doléances des producteurs de café permet de recenser les problèmes de la filière café du plateau central et de faire des propositions pour les résoudre. Il est à noter que de telles rencontres doivent se dérouler prochainement dans toutes les régions caféières du pays pour que la plateforme national haïtienne des producteurs de café puisse défendre les intérêts des quelques 200 000 producteurs de café d’Haïti. Lors du Congrès National des Producteurs de Café Haïtiens, les délégués rédigeront une synthèse des cahiers de revendication des différentes plateformes régionales qui sera adressée aux responsables de l’Etat.

Au niveau de la production: Les producteurs de café ont des rendements très faibles (de l’ordre de 250 kg/ha contre 510 kg/ha en République Dominicaine) qui ne leur permettent pas de dégager un revenu intéressant. Aussi, ils demandent que l’Etat subventionne les engrais, et ils réclament plus d’encadrement technique pour faire face aux différents ravageurs des jardins caféiers tel que les rats, les scolytes, la rouille, la pourriture des racines, etc.

Commercialisation: Les producteurs réclament un prix raisonnable pour la vente de leur café et un meilleur contrôle de la frontière avec la République Dominicaine (qui à 3h de Baptiste, à pied) par les autorités, pour éviter la contrebande. Ils expriment la difficulté d’accès aux fonds de roulement pour les coopératives caféières qui achètent du café pour le commercialiser sur des marchés de qualité: commerce équitable et marchés gourmets. Enfin, l’état déplorable de la route Belladère-Baptiste est une entrave à la circulation, qui renchérit le transport: les producteurs exigent la réhabilitation de cet axe de 18 km.

Pour argumenter leur demande, les dirigeants de la plateforme régionale des producteurs de café ont rappelé l’importance du café pour Haïti:
– paiement de la dette de l’indépendance d’Haïti envers la France.
– protection de l’environnement: les jardins caféiers sont un formidable moyen pour lutter contre l’érosion des terres.
– entrée de 5 millions de dollars US de devise grâce à l’exportation du café d’Haïti
Or les surfaces en café sont en régression puisqu’elles sont passées de 170000 ha dans les années 1950 à 100 000 ha aujourd’hui. Aussi, les producteurs réunis ont demandé que l’Etat ne les oublie pas et qu’il les aide à améliorer la rentabilité des jardins café.