Le GARR réclame des éclaircissements

sur le décès tragique des migrants-es haïtiens en mer

Note de presse, 10 mai 2007

Le GARR est profondément préoccupé par les circonstances entourant la disparition tragique en mer, au large de l’archipel britannique Turks & Caicos, d’une centaine de migrants-es haïtiens, le 4 mai écoulé.

Tout en saluant la décision du gouvernement haïtien d’honorer la mémoire de ces nombreuses victimes par une journée de deuil national, le GARR estime que divers points concernant cette tragédie, appellent une réponse :

-Il y a des témoignages contradictoires sur l’arraisonnement du bateau transportant les clandestins haïtiens Certains font état de la double implication des gardes-côtes des Etats-Unis d’Amérique et de Turks & Caicos, d’autres signalent uniquement la présence de ces derniers. Si le premier cas de figure est confirmé, est-ce que l’Etat haïtien a reçu une note d’information des autorités américaines l’informant que les citoyens-citoyennes haïtiens interceptés en mer, ont été remis aux autorités de l’archipel britannique des Turks & Caicos, et dans quelles conditions ? Y a-t-il un accord liant les trois pays ?

– L’Etat haïtien a-t-il pris des dispositions pour la formation d’une commission d’enquête, étant donné que selon certains témoignages, le naufrage ne serait pas accidentel ?

– Quel accompagnement l’Etat haïtien envisage t-il pour les familles des victimes ? Est-ce qu’il va se contenter d’offrir, comme à l’ordinaire, quelques subsides aux survivants, alors que beaucoup d’entre eux sont encore traumatisés-es par la mort violente d’un ou de plusieurs proches ?

-Est-ce qu’une investigation est en cours dans les zones de provenance des migrants pour identifier le réseau de trafiquants qui, en l’espace de deux mois, ont conduit près de 200 Haïtiens-Haïtiennes à la mort, non loin de Turks & Caicos, au cours de deux traversées périlleuses ?

-Quelles sont les dispositions concrètes engagées par la Primature pour donner suite aux propositions inscrites dans le document de gestion de la migration de main-d’œuvre reçu par le Premier ministre Alexis en septembre 2006, du groupe multi-sectoriel sur la Migration ?

-Comment le gouvernement haïtien entend-il redonner l’espoir à la population, surtout les couches les plus pauvres, et réhabiliter graduellement mais visiblement, les droits socio-économiques et culturels de millions d’Haïtiens-Haïtiennes enfermés dans un chômage désespérant les poussant à la migration ?

-Le GARR rappelle qu’au Dialogue de Haut Niveau sur la Migration, tenu au Siège des Nations-Unies, il y a 9 mois, le gouvernement haïtien avait pris l’engagement de mettre en application les recommandations produites dans le cadre du Dialogue, à travers : « la formulation d’un cadre global et cohérent de gestion de la migration, et l’intégration de la politique migratoire dans son agenda de développement ».

Ces drames à répétition de nos frères et sœurs en haute mer, doivent interpeller le Parlement haïtien sur l’urgente nécessité d’accélérer ses travaux en vue de doter Haïti d’une législation contre la traite et le trafic de personnes, instrument juridique indispensable pour la gestion du phénomène incluant non seulement la répression des trafiquants mais aussi l’encadrement des victimes.

Enfin, le GARR saisit l’occasion pour renouveler ses sympathies attristées aux nombreuses familles éplorées en cette douloureuse circonstance.

Lisane André
Responsable Communication et Plaidoyer
GARR