Le GARR préoccupé par un regain d’hostilité vis-à-vis des descendants-es d’Haïtiens en République Dominicaine

9 février 2007

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) est profondément préoccupé par des actions et prises de position qui traduisent une hostilité grandissante vis-à-vis de la communauté d’origine haïtienne en République Dominicaine.

La Junte Centrale Electorale dominicaine procède, depuis quelque temps, à l’annulation d’actes de naissance octroyés à des personnes d’ascendance haïtienne, sous prétexte qu’ils sont faux. Ainsi, des jeunes venus retirer leur documentation pour une inscription à des établissements d’enseignement, ont vu leurs papiers confisqués par des fonctionnaires de la Junte Centrale Electorale. D’autres ont été surpris d’apprendre que leurs archives d’actes de naissance sont inexistantes, selon des organisations de droits humains basés en République Dominicaine.

Parallèlement, dans la Presse dominicaine, des autorités au plus haut niveau mènent depuis quelques jours une campagne faisant croire que plus d’un million d’Haïtiens-Haïtiennes, seraient détenteurs de faux documents d’identité dominicaine obtenus de manière frauduleuse en complicité avec des institutions religieuses et des organisations internationales. Ces déclarations ont été critiquées par le Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (SJRM) qui soupçonne le gouvernement Fernandez de vouloir justifier à l’avance des persécutions et déportations massives de personnes d’origine haïtienne.

Dans le même registre, la militante dominicaine d’origine haïtienne, Sonia Pierre, fait l’objet d’accusations graves et répétées de détention de faux documents d’identité ainsi que ses enfants nés sur le sol dominicain.

Sonia Pierre a reçu en novembre dernier le Prix Robert F. Kennedy 2006 des Droits Humains pour sa longue lutte en faveur du droit à la nationalité des descendants d’Haïtiens nés en République Dominicaine. Quelques semaines plus tard, le chancelier dominicain, Carlos Morales Troncoso, avait tenté de discréditer cette distinction en écrivant à la Fondation Kennedy pour questionner ce choix.

Le GARR attire l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les graves conséquences qu’une telle campagne orchestrée par de hauts fonctionnaires de l’Etat dominicain peut entraîner contre la population d’origine haïtienne. Il invite les autorités dominicaines et haïtiennes à s’armer de courage pour assumer les conséquences d’une politique migratoire que les deux Etats ont encouragé pendant presqu’un siècle. La présence de descendants haïtiens en République Dominicaine n’est pas le fruit du hasard. Pendant des dizaines d’années, l’Etat dominicain a payé pour faire chercher de la main d’œuvre en Haïti afin de développer son économie. Ces travailleurs et travailleuses qui ne sont pas seulement des bras, mais aussi des êtres humains ayant une vie affective, ont eu des enfants dans ce pays, comme cela se passe dans toute migration dans le monde. Les progénitures de ces immigrants/tes, quelles que soient leurs conditions de naissance, ont aussi des droits que tout Etat a l’obligation de respecter ( Fin de texte)