Migration haïtienne en République Dominicaine

 

 Les rapatriements d’Haïtiens  sont encore marqués par l’arbitraire et le déni de justice

Note de presse du GARR, 2 août 2007

 

Durant le mois de juillet 2007, les autorités dominicaines ont rapatrié à la frontière au moins 800 ressortissants-es haïtiens ou pris comme tels. Ces rapatriements, pour la plupart, ont été effectués en  violation flagrante des droits fondamentaux de la personne.

 

A Montecristi, un groupe d’environ 300 personnes ont été expulsées manu militari, suite à l’assassinat d’un Dominicain, imputé à un Haïtien. Ces travailleurs-travailleuses ont laissé derrière eux, tous leurs avoirs et se retrouvent maintenant en Haïti, désemparées, sans ressources, et la seule raison avancée pour les forcer à partir, est leur prétendue protection. ( El Caribe,11/7/07)

 

Le GARR déplore que toutes ces personnes aient été collectivement pénalisées, uniquement sur la base de leur appartenance à un groupe ethnique, sans qu’aucune procédure judiciaire établissant leur éventuelle culpabilité, n’ait été engagée. 

 

A rappeler que le même scénario avait été déjà utilisé, en maintes occasions sur divers points du territoire dominicain pour déporter des Haitiens/Haïtiennes.  En mai 2005, à Hatillo Palma, suite au meurtre d’une commerçante dominicaine attribué sans enquête préalable à un Haïtien, plus de 2000 personnes suspectées de nationalité haitienne avaient été expulsées, parmi elles plusieurs Dominicains à la peau noire.

 

D’autre part, à Belladère (Centre d’Haiti), le Comité local des Droits Humains, membre du Réseau Binational Jeannot Succès, a accueilli au cours du mois de juillet, 523 personnes, certaines ayant été appréhendées à leur domicile, avant d’être conduites sans ménagement à la frontière. Parmi les rapatriés-es reçus à la mi-juillet figurait un couple qui avait été séparé d’un bébé de 7 mois.

 

Le 30 juillet 2007, 4 membres d’une même famille ont été tirées de leur domicile en République Dominicaine et conduites à la frontière. Il s’agit d’une mère et de ses quatre enfants mineurs âgés entre 3 mois et 12 ans. Elle réside en territoire voisin depuis 1991. (Comité des Droits Humains de Belladère, rapport juillet 2007)

         

Le GARR estime que le fait par les autorités dominicaines d’arrêter des familles à leur domicile pour expulsion immédiate, sans leur laisser aucune possibilité d’un recours judiciaire ou de présentation de leurs éventuels documents, revêt l’allure d’une chasse aux Haïtiens, une action déshumanisante et peu honorable pour le gouvernement dominicain qui annonce, à la moindre occasion, « qu’on ne maltraite pas les Haïtiens en République Dominicaine ».

 

Avec la répétition de ces cas de violation se produit un recul chaque jour plus prononcé sur le respect des droits des travailleurs migrants-es haïtiens en République Dominicaine.  Il s’agit là d’une négation systématique des Conventions internationales auxquelles ce pays a adhéré.

 

Le GARR regrette l’indifférence persistante du gouvernement haïtien qui multiplie des voyages en République Dominicaine tout en esquivant la discussion sur des problèmes de fond qui concernent ses ressortissants dans ce pays. (Fin de texte)

 

Lisane André

Responsable

Section Communication et Plaidoyer

GARR