Si l’épidémie n’a pas encore fait de mort en Haïti, le pays se prépare à l’arrivée du Covid-19. Mais en l’absence de directives claires de la part des autorités, c’est la société civile et le secteur privé qui se mobilisent, comme le confirme Frantz Duval, le rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste dans une interview à RFI. Ce jeudi 2 avril, 16 personnes ont été officiellement testées positives en Haïti et près de 400 autres placées en quarantaine.
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Il n’y a pas que le secteur privé et associatif qui se mobilise. Alors que l’État haïtien ne communique que très peu sur le sujet, une initiative de la société civile haïtienne va permettre de mettre en place une structure à même de fabriquer des masques de protection. Lancée par des scouts, elle bénéficie désormais du soutien de plusieurs organisations. « Les scouts avaient commencé par créer des points de lavage des mains. Ils sortaient dans la rue et proposaient aux gens de se laver les mains. Ensuite les scouts se sont rendus compte qu’il serait nécessaire d’avoir des masques et que ces derniers n’étaient pas disponibles dans le pays. Ce n’est pas un accessoire utilisé en Haïti, il est réservé au monde médical. Il n’y a pas de stock, les masques sont chers. Lorsqu’ils ont lancé cette initiative, plusieurs ONG ont décidé de les rejoindre ».
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Dans cette crise épidémique, la question des morts revient souvent. Un sujet qui fait d’ailleurs la Une du Nouvelliste. Comment les prendre en charge, dans quelle structure? Sans protocole et sans morgue, la situation s’annonce compliquée en Haïti, explique Frantz Duval : « Haïti avait été frappé après le séisme de 2010 par cette incapacité à enterrer beaucoup de gens en même temps. Rien n’avait été prévu. Des fosses communes avaient été faites à la va-vite. Aujourd’hui le Nouvelliste tire la sonnette d’alarme. Il faut commencer à y penser, décider ce qu’on va faire, d’autant plus qu’il n’y a pas de morgue municipale, pas de morgue de grande capacité. C’est une myriade d’institutions privées qui s’occupent des morts. Il n’y a pas de protocole. Même ces morgues privées ne savent pas comment traiter la dépouille d’une personne qui serait décédée du Covid-19 ».
Si les autorités haïtiennes, dans leur plan de prise en charge du Covid-19, ont annoncé que des sacs funéraires seraient nécessaires pour chaque cadavre, à l’heure actuelle, ces sacs sont invisibles. Cette absence de protocole inquiète le secteur des pompes funèbres ainsi que celui des morgues, d’où cette question du Nouvelliste : « Qu’allons-nous faire pour résoudre ce problème dans un pays qui a eu à enterrer des morts dans de très mauvaises conditions après le séisme de 2010 ? ».
Les associations de journalistes exhortent les autorités à prendre des mesures