R. W. Emerson
et le problème de l’esclavage colonial
samedi 14 janvier 2006
17, rue de la Sorbonne,
salle Marc Bloch
par
Rose-Mie Léonard
Université de Paris 8
Les critiques de l’œuvre de Ralph Waldo Emerson (1803 – 1882) nous a longtemps présenté cet auteur américain si prolifique comme un grand poète et essayiste de renom, vénéré par toute une génération de transcendantalistes, plus centrés sur la moralité dans le cœur des individus que sur les problèmes politiques et sociaux de leur temps. Une interprétation que de récentes études viennent contredire en constituant Emerson non plus comme un écrivain individualiste perdu dans ses rêveries solitaires mais comme un homme - sinon l’homme- représentatif de la nation américaine, ancêtre de ses écrivains (Harold Blum) comme de ses philosophes (Jeffrey L.Duncan, Stanley Cavel) et de ses théoriciens de la démocratie (Barlet Gimmatti). La polémique, qui a été engagée dès la mort de l’auteur à la fin du 19ème siècle et que relaient ses biographies récentes (G. W. Allen 1981, J. McAller 1984, Gourgeon & Frank 1990, 1995, 1998), questionne les relations de Emerson aux mouvements de réforme social de son temps en général et au mouvement contre l’esclavage en particulier. Tenant compte de ces différentes interprétations, et en se basant sur les différents écrits de Emerson sur l’esclavage, nous essayerons de retracer et de mesurer la portée de la position d’un penseur engagé sur « la question » de son temps. Quelle a été la contribution de Emerson au débat sur l’esclavage américain? A-t-il été un conservateur ou un réformateur ? Un réformateur radical ou modéré ? Un militant actif ou un simple orateur de bon sentiment ? Il s’agit au-delà de ces questions, de questionner les hommes libres et de pensée que nous sommes sur nos choix libres et nos positions de pensée en démocratie. Comment « savoir choisir son camps » quand la nation est crise ?