En Haïti, environ 150,000 personnes sur une population de 11 millions d’habitants vivraient avec le virus du VIH. Parmi elles, seules 55 % ont accès aux médicaments.

Comment expliquer ce manque d’accès aux soins ?

Malgré de nombreuses interventions de santé publique dans la région, Haïti reste vulnérable à la stigmatisation des personnes infectées, particulièrement les minorités sexuelles. Ces dernières subissent un ostracisme considérable, ce qui empêche l’accès aux soins.

Cette marginalisation parfois extrême se répand sur tous les aspects de la vie sociale, affective et relationnelle.

Un engagement difficile dans la lutte contre le VIH

Le plus pauvre de l’hémisphère occidental, Haïti est aussi le plus pays où vit le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH dans les Caraïbes, deuxième région la plus touchée au monde en dehors de l’Afrique en terme de prévalence (UNAIDS, 2017).

Malgré des troubles politiques, des difficultés socio-économiques et des calamités naturelles continues, Haïti reste engagée dans la lutte contre l’épidémie du VIH. Les stratégies de prévention et de traitement mises en place par le gouvernement en collaboration avec des organisations non gouvernementales et des bailleurs de fonds internationaux ont contribué à réduire la prévalence nationale du VIH de 6,2 % en 1993 à 2,2 % en 2012 puis à 1,9 % en 2017.

 

Haïti : Nombre de personnes vivants avec le VIH (1990-2017). US Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), 2018., CC BY

 

Alors que la réponse nationale à l’épidémie du VIH ne cesse de progresser, les personnes infectées et affectées continuent d’être discriminées et stigmatisées tant dans la communauté que dans les structures de soins. Les personnes infectées sont souvent perçues comme ayant des comportements méprisés par la société, tels que les Hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH).

Maladie et exclusion sociale : le double fardeau des HSH

Le sociologue Erving Goffman a distingué trois types de stigmatisation : la déformation physique, les imperfections de caractère et les préjugés. Le premier type est attribué aux déformités corporelles innées ou acquises. C’est donc une différence par rapport aux normes de condition physique idéalisées par la société. Le second est plutôt attribuable aux comportements ayant des conséquences perçues comme négatives. C’est le cas, par exemple, des personnes infectées au VIH, des homosexuels et des alcooliques. Et, le troisième résulte de la perception qu’une race, une religion ou une nationalité soit supérieure par rapport à une autre.

La seconde peut survenir chez des personnes atteintes du VIH. Elles font face à une stigmatisation considérable car beaucoup pensent qu’elles auraient pu contrôler les attitudes à l’origine de l’infection.

Ethnographiquement, Haïti se rapproche de plusieurs pays du continent africain où des études ont été menées sur cette problématique. L’homosexualité y est perçue comme une menace dangereuse, pour l’ordre social religieux, moral et démographique, à combattre et par conséquent entrave les étapes de soins comprenant la prévention, le dépistage, l’enrôlement aux soins et l’adhésion thérapeutique.

Suivant une enquête réalisée en Haïti et publiée par le Programme des Nations unies pour le VIH, la prévalence de cette infection chez les HSH s’élève à 18,2 %.


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