La majorité des écoles restant fermées à cause de la crise politique qui paralyse le pays depuis deux mois, nombre d’adolescents haïtiens sont désoeuvrés et des parents s’improvisent professeurs tout en gérant les angoisses des plus jeunes face aux violences des rues.
"Je vais à tâtons, je ne sais pas comment faire les choses", confie Edine Célestin, livret d’apprentissage de la lecture en main. "On pense que c’est facile mais on réalise après que l’enfant n’a pas compris et il faut refaire trois ou quatre fois la même leçon".
Depuis septembre, elle veille à faire travailler chaque jour sa fille de cinq ans. Entre sa chambre et le salon devenant salle de classe, la petite Lyne-Renée est en proie à l’ennui: elle ne sort plus du domicile en raison des risques de débordements violents dans les rues.
"Elle doit savoir un peu lire et écrire pour pouvoir avoir une admission en primaire l’an prochain. Les inscriptions se font dès janvier et février: on a beaucoup de pain sur la planche", s’inquiète Edine, sachant combien les places dans les meilleures écoles privées sont prisées.
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Rentrée en décembre ou mi-janvier
"Le directeur de l’école nous a dit plusieurs fois +venez ce lundi pour travailler un peu+", raconte Reevens Bosquet qui, à 20 ans, attend encore de pouvoir faire sa rentrée en classe de seconde. "Quand on arrive, les professeurs ne sont pas là, il n’y a que le directeur avec cinq à dix élèves".