En Haïti le climat d’insécurité prend une nouvelle dimension. « Un nouveau phénomène se développe dans la capitale haïtienne. Il s’agit du viol collectif », alerte Haïti Press Network.

Les victimes sont « des étudiantes de différentes universités de Port-au-Prince », explique le site Haïti Libre qui poursuit : « Les derniers cas se sont produits le 17 mai vers 19h30 lorsque deux étudiantes qui revenaient de l’université Quiskeya ont été violées par des individus armés non identifiés. Trois jours plus tard, c’est une étudiante de 21 ans, de l’Université de Port-au-Prince, qui a été violée par 5 individus ». Selon le site d’informations Loop, « la victime a rapporté avoir entendu ses agresseurs citer une liste des universités dont ils avaient déjà violé les étudiantes et celles qui seront leurs prochaines proies ».

 

Les Universités annoncent des mesures concrètes

Certains centres universitaires ont décidé de prendre eux-mêmes des mesures pour assurer la sécurité de leurs étudiantes. À l’instar de l’Université Quiskeya :

« Tous les soirs à partir de 17 heures, un bus de l’université assurera la navette entre le campus et le centre-ville. Une patrouille du sous-commissariat fera des rondes régulières dans le quartier, des lampadaires fonctionnant à l’énergie solaire ainsi que des caméras de surveillance seront installés dans le voisinage immédiat de l’Université », rapporte Haïti Press Network.

De son côté, le Club des Jeunes protecteurs du Citoyen conseille aux victimes « de porter plainte malgré la faiblesse du système judiciaire », écrit Le National.

Les jeunes femmes qui ont subi des agressions sexuelles peuvent se rendre dans les locaux de l’organisation pour y trouver des accompagnements.

Population haïtienne : entre émoi et colère

Ces cas de viols collectifs suscitent en tout cas un émoi immense au sein de la population haïtienne. Solidarite fanm ayisyèn, l’une des plus importantes organisations de femmes du pays se dit « choquée ». Sa coordinatrice, Sabine Lamour, estime sur le site haïtien d’informations en ligne Loop, que « ces cas de viols ont un lien avec l’instabilité politique du pays ».

L’éditorialiste du Nouvelliste rappelle que les nominations du nouveau Premier ministre, Jean-Michel Lapin, et de son gouvernement n’ont toujours pas été approuvées par le Parlement. « Ce processus va continuer à capter toute l’attention des autorités. Il est certain que les bandits vont en profiter pour continuer à semer le deuil », estime le quotidien. « On pourrait même dire que les rêves d’un lendemain meilleur vendus par le président Jovenel Moïse à la population se sont transformés en cauchemars ».

Dans un autre article, Le Nouvelliste poursuit : « La sécurité publique se dégrade à un moment où l’État ne parvient pas à contrôler l’entrée sur le territoire d’armes et de munitions ». Toujours selon le journal, « la Commission nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion a déjà dénombré l’existence de soixante-seize gangs armés dans le pays. Ce chiffre peut paraître énorme, mais il n’est pourtant pas exhaustif ».

Les appels à la mobilisation se multiplient

Face à une telle aggravation des actes de violence, les appels à la mobilisation se multiplient. Sous le hashtag en créole #Pafesilans, étudiants, féministes et défenseurs des droits de l’homme appellent à une grande marche, ce dimanche. « Le jour consacré à la fête des Mères, le pays doit se mettre debout », a tweeté par exemple Pascale Solage, militante féministe. « Quand les bandits tuent, kidnappent, volent et violent, le silence n’est pas une option », s’exclame aussi Le Nouvelliste avant de conclure : « S’exprimer, marcher devient un acte de résistance aux bandits et un acte de pression sur les autorités pour que nos jours cessent d’être souillés par du sang et des larmes ».