Fin avril, ce sont les organisations humanitaires qui sonnent l’alarme. Le Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement – Terre Solidaire (CCFD) rappelle cette donnée essentielle : "Haïti a fait le choix d’importer massivement des denrées au lieu de renforcer sa production locale. En pleine pandémie de Covid-19, la paysannerie est aujourd’hui dans l’impossibilité de constituer des stocks pour nourrir la population", écrit le CCFD dans un communiqué. Avec la fermeture des frontières, les difficultés pour s’alimenter se sont logiquement accrues.

La petite île de la Caraïbe n’avait en effet pas besoin de cette crise sanitaire supplémentaire. En une décennie, Haïti a connu un tremblement de terre dévastateur, une épidémie de choléra meurtrière, une corruption endémique et des soubresauts politiques qui génèrent aujourd’hui encore colère et frustration de la population.

 

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Au-delà de la peur de mourir du coronavirus, celle de mourir de faim préoccupe les Haïtiens. Les céréales constituent deux tiers des apports énergétiques quotidiens des plus pauvres. Or le prix du riz a plus que doublé sur certains marchés par rapport à 2019.

Cette forte hausse des prix accompagnant l’épidémie de coronavirus ne va qu’amplifier la récession dans le pays, commencée à l’automne. "Avec la crise qui se profile, on s’attend à un repli de près de 4% du Produit intérieur brut. Cela résulterait principalement d’un quasi effondrement du secteur agricole, qui verrait sa demande effective chuter considérablement", a indiqué le Premier ministre, Joseph Jouthe, lors d’un sommet annuel sur la finance, organisé uniquement sur Internet cette année, crise sanitaire oblige.

Interrogé par l’AFP, l’économiste Etzer Emile rappelle que le secteur agricole ne pèse que 21% dans le PIB mais qu’il concentre la moitié des emplois d’Haïti. Et bien avant que la pandémie de coronavirus ne vienne paralyser l’économie mondiale, les Nations unies avaient déjà estimé que 40% des Haïtiens auraient besoin d’une assistance humanitaire d’urgence cette année.

 

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