Les politiciens haïtiens ne s’en cachent pas. L’appui et l’opinion des Américains comptent énormément dans le jeu politique en Haïti.
Chacun recherche l’onction ou craint la vindicte des émissaires de Washington. Les hommes politiques haïtiens sont convaincus, quel que soit leur positionnement sur l’échiquier, que le poids des USA pèse lourd. Il peut les couler ou les renforcer.
Le président Jovenel Moïse, comme ses prédécesseurs, fait tout pour être dans la bonne liste des Américains. Il les place comme tout bon politique avant Dieu le père et surtout avant les problèmes des Haïtiens.
C’est à l’aune de la croyance de nos politiciens qu’il faut comprendre le recours à une petite armée de firmes de consultation, de communication, de lobby et de support juridique par le régime Moïse. En temps de vache enragée pour les Haïtiens, le gouvernement paie des sommes folles pour se faire bien voir par Washington. Se faire bien voir par la Maison-Blanche est si important en temps de crise.
On paie rubis sur l’ongle des «consultants» pendant que l’on renvoie les diplomates chevronnés et qu’on accumule les arriérés pour les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères en poste à l’extérieur.
Seul Washington est important.
Recourir à l’Organisation des États américains (OEA), institution dominée par les États-Unis, pour tenter d’en faire un auditeur des fonds PetroCaribe ou un intermédiaire pour le dialogue interhaïtien, répond à la même préoccupation : rester dans le sillage du plus fort.
La tribune du président Moïse dans le Miami Herald s’inscrit dans la même logique. Il faut s’adresser à ceux qui comptent, en anglais et chez eux.
Cela fait des années et des années que les responsables politiques haïtiens font pareil. Ils espèrent tous que la communication aura plus d’effet que les informations, surtout quand ces dernières ne sont pas en faveur de leur légende.
Du premier dollar au dernier million, rarement les lobbyistes sauvent les présidents en difficulté ou aident à résoudre les problèmes d’Haïti. Ils aident à gagner des jours, des semaines, des mois et même des années au pouvoir. Rien de plus.
Rarement les lobbys oeuvrent au bénéfice des Haïtiens, mais cela n’est jamais le but premier. Aujourd’hui, comme hier.
[Un article de Frantz Duval]