AQUACULTURE
Transformer nos lacs en de vastes espaces de production de poissons
Par Agropresse
Produire des poissons en cage, sur une grande échelle, dans nos étendues d’eau, voilà une nouvelle pratique qui se développe dans le pays. Dans le lac Azuéi et dans certains lacs artificiels du territoire national, certains entrepreneurs ont déjà emboîté le pas. C’est le cas de Angelère Saturnin qui, après quatre ans au Canada, revient en Haïti avec pour objectif principal de contribuer à rehausser la production nationale de poissons.
L’aquaculture désigne l’élevage d’animaux en milieux aquatiques. C’est la spécialité d’Angelère Saturnin, qui a décroché son Diplôme d’Étude collégiale en Aquaculture au Centre spécialisé des pêches et Collège de la Gastésie et des Îles, du Canada. Elle vient de créer récemment Fumaqua, une entreprise dédiée à la production et la transformation de poissons. Une visite effectuée au lac Azuéi a permis à Agropresse d’explorer ses installations.
En fait, le concept « Aquaculture » est pour le poisson l’équivalent de l’élevage de poules en poulailler. Jusqu’à récemment, les bassins étaient surtout les installations de référence dans l’aquaculture haïtienne. Mais, il y a progressivement une plus grande volonté d’exploiter la grande potentialité en eau du pays pour le développement de cette sous-filière.
« La production de poissons en milieux naturels permet de diminuer les coûts », déclare Pierre Guy Lafontant, responsable à la Direction « Pêche et Aquaculture », du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR). C’est également l’opinion de l’entrepreneure Angelère Saturnin, selon qui, l’espace nécessaire pour élever des poissons en bassins doit être multiplié par 20, par rapport à l’espace utilisé dans le milieu naturel. « En bassin, renchérit-elle, il faut veiller constamment à la température de l’eau, ce qui n’est pas nécessaire en eau naturelle ».
L’alimentation représente la moitié du coût de production, selon Angelère Saturnin. Malheureusement, l’aliment nécessaire à l’élevage des poissons provient surtout de l’importation, regrette la technologue aquacole.
La majeure partie des alvins qui alimentent Fumaqua viennent de l’entreprise Caribbean Harvest. Au niveau de la production d’alevins, cette entreprise est l’une des plus modernes de la Caraïbe, s’enorgueillit le Dr Valentin, responsable de la Caribbean Harvest. En effet, celle-ci possède une importante capacité de production d’alevins. Pour le moment, elle produit des alevins de tilapia, après croisement de mâles de variétés égyptiennes et de femelles de variétés israéliennes.
La Caribbean Harvest vient de signer un accord avec l’État haïtien pour la production de 200 000 tilapias, en vue d’alimenter les étangs Saumâtre, de Miragoâne et de Péligre, pour une période de six mois.
Avec ce support de l’État haïtien, l’entreprise Fumaqua devrait porter sa production à 56 000 tonnes par an, tandis que Miraqua S.A, une entreprise du même type, évoluant dans la zone des Nippes, devrait avoir une production de 5000 tonnes par an.
Selon un document du ministère de l’Agriculture, consulté par Agropresse, la consommation annuelle en fruits de mer est d’environ 17 000 tonnes en Haïti, alors que la production nationale est estimée à 5000 tonnes. Bien qu’Haïti soit une île, la consommation de fruits de mer dans le pays avoisine 2,5 kg par habitant par an, tandis que pour la Jamaïque, une autre île de la Caraïbe comme Haïti, elle est de 35 kg. Le renforcement de l’Aquaculture nationale pourra non seulement faire augmenter la disponibilité de poissons dans le pays mais contribuera également à générer des devises dans l’économie nationale, à travers les exportations de poissons.
Source: Agropresse