Au secours de nos bassins versants !
Par Agropresse
Elles sont nombreuses les voix à s’élever dans la société haïtienne, après les dernières catastrophes naturelles qui ont ravagé le pays, pour réclamer une meilleure attention à nos bassins versants. Agronomes, spécialistes en environnement, spécialistes en aménagement du territoire, simples observateurs sont du même avis : « à continuer à négliger nos bassins versants, nous augmentons la vulnérabilité du pays aux catastrophes naturelles et, par conséquent, les risques de destruction des plantations ».
Dans un texte soumis récemment à Agropresse, Florian Delerue, assistant technique à l’Organisation Agronomes et vétérinaires sans Frontières, ne va pas par quatre chemins pour poser le problème. « Il y a un besoin urgent de repenser, sinon penser l’aménagement du territoire en Haïti ».
« Chaque cyclone voit son lot de dégâts et de discours sur l’absolue nécessité de reboiser les mornes pour éviter des récidives de plus en plus sérieuses. Tout le monde s’accorde sur la gravité de la dégradation de l’environnement avec en tête la déforestation de l’ensemble du territoire. Les déclarations politiques de divers agronomes, des ministères concernés (MDE, MARNDR, MICT, MTPTC) se succèdent et se ressemblent. Pourtant, il n’y a pas de reboisement effectif en Haïti », écrit-il.
« Les techniques de reboisement, mais aussi de conservation des sols, de corrections des lits de rivières sont connues, maîtrisées et reproductibles, et pourtant l’aménagement des bassins versants reste un échec », déplore le technicien.
Le tableau dressé dans le document intitulé « Vulnérabilité environnementale des bassins versants d’Haïti : vers une stratégie d’intervention commune », produit par un Groupe de travail formé par les représentants de plusieurs partenaires techniques et financiers d’Haïti (ACDI, USAID, PNUD, BID, AECI), n’est pas plus reluisant.
« Le territoire haïtien est divisé en 30 bassins versants principaux. A différents degrés, ces derniers sont vulnérables aux inondations, courent des risques d’érosion », indique le document, qui souligne, toutefois, les potentialités agronomiques dont ils recèlent.
« Du fait de la persistance de la pauvreté et de la poursuite de la dégradation de l’environnement, il est urgent d’avoir des résultats économiques positifs à court terme tout en garantissant la durabilité environnementale », avaient prévenu le Groupe des partenaires techniques et financiers d’Haïti, il y a un an.
«Une stratégie d’intervention commune devrait prioriser les bassins versants où les potentialités économiques exploitables dans l’immédiat sont les plus fortes, les avantages économiques comparatifs les plus intéressants et les coûts environnementaux les plus faibles », suggère le Groupe de travail.
À l’heure où l’on ne finit pas de dénombrer les victimes des cyclones et tempêtes tropicales Fay, Gustav, Hannah et Ike, la décision salutaire revient à adopter des mesures préventives pour limiter les dégâts dans le futur. Et pour commencer, pourquoi pas l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de protection de nos bassins versants ?