Entretien avec Gilbert Mirambeau Junior et Pascale Solages de Nou pap dòmi, réalisé par Frédéric Thomas, docteur en sciences politiques, chargé d’étude au CETRI, le samedi 23 novembre 2019 à Port-au-Prince.
Il y a eu une « Déclaration commune pour un gouvernement de sauvetage national » signée par une centaine d’organisations. Mais pas par Nou pap dòmi ?
Pascale : « Nous avons rencontré toutes ces organisations. Nous nous rejoignons sur la fin du mandat de Jovenel Moïse et sur la nécessité d’une transition. Là-dessus, il y a un très large consensus. Mais nous n’avons pas signé, sur base de nos valeurs et principes, parce que nous voulons maintenir notre indépendance et que, dès le départ, nous avons dit que Nou pap dòmi ne participerait pas à la transition ».
Gilbert : « Ce n’est pas possible pour nous que certains des acteurs, comme des partis politiques, qui ont participé à ce système et dont certains sont impliqués dans des affaires louches, fassent partie de la transition. Une partie d’entre eux voient dans la transition une manière de gagner une légitimité. Nous voulons nous concentrer sur les gens, sur les citoyens, qui sont à la base de toute transition réussie, originale et cohérente ».
Le thème de la citoyenneté apparaît comme un leitmotiv pour vous ?
Gilbert : « On en parle beaucoup, parce qu’on a perdu le sens de la citoyenneté. Il faut ramener les gens à la réalité, les pousser à s’impliquer, à ce qu’ils se rendent compte qu’ils ont des droits et des devoirs. Auparavant, ils pensaient qu’ils passaient après le pouvoir. Je crois qu’il faut agiter l’espace public davantage en vue de réconcilier la citoyenneté avec l’exigence que requiert une politique saine, et faire de la politique autrement ».