Environ un tiers des enfants de 3 ans ne seront par scolarisés comme le prévoit désormais la loi. Les syndicats d’enseignants dénoncent l’absence de chiffres fiables.

Chaque jour ou presque, Yves vient avec ses enfants au service de la vie scolaire de Cayenne. Arrivé début juillet en Guyane à la suite d’une mutation, cet enseignant n’a toujours pas trouvé de place pour ses trois enfants, en maternelle, CE1 et CM2. « C’est triste de les voir tourner en rond à la maison. Il ne faut pas que ça dure longtemps », lâche-t-il.

 

 

 

Au service de la vie scolaire, on dénombre 419 enfants sur liste d’attente en maternelle, dont 292 en petite section, plus une cinquantaine en élémentaire. « Ils seront affectés par ordre d’arrivée des dossiers, lorsque les directeurs vont nous envoyer les radiations, explique Yann, un agent. Et ceux qui n’auront pas de place cette année seront affectés en priorité à la rentrée prochaine, au niveau supérieur. » En 2018, à la rentrée, plus de 300 enfants étaient sur liste d’attente en maternelle à Cayenne, et encore 215 en fin d’année scolaire.

La population guyanaise a augmenté de 2,5 % par an entre 2011 et 2015, en raison d’une natalité élevée (3,6 enfants par femme), amplifiée par la reprise d’une immigration soutenue, avec près de 16 000 demandeurs d’asile enregistrés de 2015 à 2018, en majorité venus d’Haïti.

La population « légale », base de calcul des dotations versées par l’Etat aux collectivités, est de 269 352 habitants au 1er janvier 2016, selon l’Insee. L’institut donne aussi une estimation de près de 297 000 habitants au 1er janvier 2019, pas assez étayée au niveau statistique pour servir de base légale.

« Toutes nos écoles maternelles sont saturées », déplore Jean Laquitaine, 6e adjoint au maire de Cayenne, chargé de la scolarité. La construction d’une nouvelle école doit commencer en octobre, une autre est en projet, mais elles ne seront pas livrées avant deux ans. En faisant passer l’obligation d’instruction de 6 à 3 ans, la loi « pour une école de la confiance » a accentué la pression sur les mairies.