En Haïti, la mobilisation citoyenne contre la corruption ne faiblit pas. Lancé sur les réseaux sociaux, le mouvement « Petrocaribe Challenge » s’est converti en plusieurs manifestations dans les villes haïtiennes pour réclamer la vérité sur la gestion des fonds prêtés par le Venezuela depuis 2008, dans le cadre du programme Petrocaribe basé sur les achats de produits pétroliers. La manifestation qui s’est tenue dimanche à Port-au-Prince a encore rassemblé plusieurs centaines de personnes.

Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron

« Où est l’argent Petrocaribe ? » Sur les affiches, les banderoles et leurs t-shirts, c’est la question que posent tous les manifestants. Ce nouveau mouvement contestataire détonne des habituels cortèges par sa moyenne d’âge : ici la foule est particulièrement jeune.

Pour Natsacia, il est temps que la jeunesse se mobilise. « Le pays est à nous, dit-elle. On est plusieurs ici à avoir étudié à l’étranger, mais d’avoir décidé de revenir vivre chez nous. C’est notre droit de vivre dans un pays de droit, un pays stable, un pays qui condamne l’impunité, qui condamne les voleurs, en fait. »

Mobilisation des jeunes donc, et aussi beaucoup de jeunes femmes comme s’en félicite Rosa Casséus :
« Ils nous ont toujours mis en tête que, nous les femmes, on doit rester à la maison à s’occuper des enfants, on n’a pas à participer aux décisions du pays. Mais on ne doit plus laisser dire que ceux qui manifestent sont des vagabonds. Au contraire, les vagabonds sont ceux qui sont au pouvoir, qui sont violents envers les femmes, qui volent l’argent du pays. Aujourd’hui on est dans la rue pour prendre notre destin en main, pour dire qu’on en a marre, que c’est assez. La bataille ne fait que commencer. »

A la fin du parcours, la motivation des jeunes est intacte, mais beaucoup s’interrogent sur la suite. Se voulant apolitique, le mouvement n’a pas encore de dirigeants et donc pas encore de dynamique d’actions sur un plus long terme.

Pour écouter le reportage audio c’est ICI